Quand l’armée française "joue à la guerre", certains experts froncent les sourcils. L’exercice militaire Orion, dont la phase 2 est organisée depuis fin février, a en effet suscité quelques critiques.
Ce 10 mars, on a ainsi pu voir plus de 300 militaires français et britanniques investir la paisible ville de Cahors, tirant à blanc, diffusant des messages par haut-parleurs et progressant en formation… le tout au milieu des passants et de la circulation habituelle.
Des images insolites, qui suscite l’incrédulité chez beaucoup d’observateurs, comme le souligne le site de veille stratégique Opexnews. Certains n’y voient qu’un "coup de comm’" voire "un grand n’importe quoi" pour permettre à l’exécutif de se faire mousser, souligne Opexnews sur Twitter.
Dans le même ton, Pierre-Jean Jouve, collaborateur parlementaire au RN, a dénoncé un exercice visant à "faire des likes" sur Instagram, pour mieux faire avaler la prochaine loi de programmation militaire.
Carène Tardy, conseillère départementale de l’Ain, a pour son part rappelé que l’insécurité s’était installée à Cahors, où un homme de 96 ans avait été agressé début mars. La responsable a déploré que l’État "préfère se consacrer à une simulation de guerre" plutôt que d’apporter une réponse policière adaptée à cette situation.
Le caricaturiste Dadou a lui aussi gentiment moqué l’opération Orion, dessinant les militaires en train de progresser au milieu des canards et des chasseurs, dans le massif de la Gardiole.
Conflit de haute intensité
Débuté en 2021, l’exercice Orion 2023 est entré dans sa deuxième phase en février, proposant des opérations dans 14 départements du sud de la France. Il est censé permettre à l’armée française de se préparer à un conflit de haute intensité.
L’exercice doit se poursuivre au printemps, avec le déploiement très attendu de 12.000 militaires dans le nord-est du pays. Le coût total d’Orion est estimé à 35 millions d’euros.
Pas sûr que cela suffise à atténuer les craintes qui pèsent sur l’état des troupes françaises. Avec des effectifs en baisse et des stocks de munitions restreints, la France ne serait sans doute pas en mesure d’affronter un conflit de haute intensité, révélait ainsi Le Monde mi-août. Le ministre des Armées Sébastien Lecornu l’avait également admis durant l’automne. Les armées françaises ne pourraient guère tenir un front de plus de 80 km en cas de conflit majeur, affirmait pour sa part l’Opinion début octobre.