L’armée française serait incapable de conduire une guerre de haute intensité, selon les militaires
© AFP 2024 LUDOVIC MARINDes CAESAR français lors du 14 juillet 2022
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L’armée française risque de ne pas être à la hauteur en cas de conflit militaire, compte tenu de la forte réduction de ses effectifs, munitions et armes qui se fait depuis des années, ont indiqué les chefs d’état-major, cités par Le Monde.
En cas de guerre de "haute intensité", les forces armées françaises pourraient faire face à une pénurie de moyens car ceux-ci sont jugés vétustes et peu nombreux, écrit Le Monde en se référant aux hauts gradés au sein des armées.
"Notre capacité à être une force expéditionnaire ne nous rend pas instantanément aptes à conduire une guerre de haute intensité. Le changement d’échelle et le recouvrement des capacités que nous avons éclipsées sont des défis", a déclaré le chef d’état-major des armées Thierry Burkhard lors des auditions menées à huis clos en juillet par la nouvelle commission de la défense de l’Assemblée nationale, dont les comptes rendus ont été publiés début août.
Selon lui, "vingt années de conflits asymétriques (…) ont conduit à des arbitrages réduisant certaines capacités".
Munitions et effectifs en baisse
En effet, cette tendance se fait sentir dans toutes les composantes de l’armée. Une base aérienne ferme une fois par an depuis 26 ans, alors que les effectifs de l’armée de l’air et de l’espace ont diminué d’un tiers au cours de la loi de programmation militaire 2014-2019. Le nombre de chasseurs a été réduit de trois fois en 30 ans, explique le quotidien.
Quant à la Marine, son format "a été réduit de moitié" depuis 1990, a pointé l’amiral Vandier, tout en mettant en valeur les "très fortes réductions temporaires de capacités" encore prévues.
Le même ton résonne au sein de l’Armée de terre: "Parmi les capacités à renforcer, je citerai les capacités de défense sol-air, les drones, les feux dans la profondeur [l’artillerie de longue portée], les systèmes d’information et de communication, le renseignement ou les moyens de franchissement [les barges et ponts flottants]", a noté le chef de la branche, le général Pierre Schill, cité aussi par Le Monde.
En dépit d’un budget en hausse
Et ceci ne se déroule pas sur fond de diminution du budget militaire qui, au contraire, augmente progressivement. Entre 2019 et 2025, 295 milliards d'euros devraient être consacrés à la Défense, soit 23% de plus que sur la période précédente 2014-2018.
Enfin, les dons militaires français faits à l’Ukraine ne font qu’exacerber la nécessité de renforcer les stocks de munitions. Par exemple, sur 76 canons CAESAR que la France disposait avant le 24 février, 18 ont été transmis à l’armée ukrainienne, soit un quart de ses stocks, ainsi que des missiles antichars Milant et des missiles antiaériens Mistral.
Face à diverses carences, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a fait valoir l’importance de faire des réassorts des munitions "dès 2023" et a promis un investissement de 85 millions supplémentaires pour compléter ce manque de canons.