La faillite des institutions américaines Silicon Valley Bank, Signature Bank et Silvergate Bank a provoqué une onde de choc sur la plupart des marchés financiers mondiaux. Si l’on rajoute l’état d’autres banques systémiques internationales comme le Crédit Suisse et JP Morgan, la situation laisse penser à une crise financière mondiale, comme celle des subprimes en 2007-2008, qui avait provoqué une récession générale.
"Il faut bien avoir à l’esprit la différence entre les crises subies [qui interviennent par surprise en dehors de la volonté des différents acteurs, ndlr] et les crises voulues [ou plutôt provoquées à dessein, ndlr] sous peine de se tromper complètement d’évaluation et d’analyse", affirme à Radio Sputnik Afrique le Dr Abderrahmane Hadj-Nacer, économiste, ex-gouverneur de la Banque d’Algérie et ancien conseiller économique de feu le Président Chadli Bendjedid.
Et d’ajouter qu’à titre d’exemple, "la crise des subprimes de 2007-2008 aurait pu être évitée par le régulateur central, en limitant ou en fixant un plafond au taux d'intérêt. Or, l'objectif de l'ultra financiarisation était la concentration non pas des revenus, mais des moyens financiers colossaux entre les mains de quelques opérateurs ou individus au détriment de la majorité".
Dans le même sens, M.Hadj-Nacer explique que cette cascade de faillites bancaires n’est qu’un aspect de la crise globale. Celle-ci s’est accélérée avec l'entrée en vigueur des sanctions anti-russes après le début de l’opération militaire spéciale de Moscou en Ukraine. En effet, selon lui, "la vraie guerre est celle de l’énergie et de la finance, avec une question de fond: l’ultra financiarisation occidentale de l’économie réussira-t-elle à garder le contrôle sur le monde?"
Ainsi, l’interlocuteur de L’Afrique en marche affirme que "les crises sont un moment de changement de pouvoir" aussi bien au sein du système occidental qu’à l’échelle planétaire. "Tout le monde, notamment les Africains, doit saisir le sens profond pour apporter les changements structurels et de gouvernance nécessaires à leurs économies pour ne pas rater le train de l’histoire. La dédollarisation est en marche, elle se fera par étapes et d’une manière soft, afin d’éviter de provoquer des désastres économiques, financiers et même militaires", affirme-t-il.
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