Afrique en marche

La fin proclamée de la Françafrique: "Si Macron est sincère, il n’a qu’à enterrer le Franc CFA"

Les pays de la zone du Franc CFA sont parmi les plus pauvres malgré l’aide "dont se gargarise la France", affirme à L’Afrique en marche Sébastien Périmony, expert de l'Afrique. C’est l'abandon de cette monnaie qui constituerait une vraie rupture avec le passé. Cependant l'espoir ne serait pas du côté de Macron, mais de la jeunesse africaine.
Sputnik
Fin février, à quelques jours du début de sa tournée africaine, Emmanuel Macron a annoncé, lors d’une conférence de presse, son intention de réformer l’aide publique au développement en direction des pays africains. Une aide considérée comme l’un des piliers, au côté du Franc CFA, de la Françafrique. Le Président a estimé nécessaire de substituer la "logique d'aide" pour celle "de l'investissement", pour établir, selon lui, "une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable" avec les pays du continent africain.

"Tous les pays de la zone du Franc CFA sont classés par les institutions internationales parmi les pays les plus pauvres de la planète et ce malgré l’aide au développement dont se gargarise la France depuis les années 1970", rappelle à Radio Sputnik Afrique Sébastien Périmony, membre de l'Institut Schiller en France, expert de l'Afrique et auteur du livre "Voir l'Afrique avec les yeux du futur". Il affirme que "si le Président Macron est sincère dans sa volonté de mettre fin à la Françafrique et de réformer l’aide au développement, il n’a qu’à commencer par enterrer le système du Franc CFA! C’est ainsi, et seulement ainsi, que les Africains, notamment les jeunes, lui feront confiance et voudront reprendre un dialogue sincère et apaisé avec la France, en vue de développer des relations et des accords gagnant-gagnant, dans un cadre respectueux de leur souveraineté et de leur culture."

À ce jour, les pays de la Zone Franc CFA sont obligés de déposer 50% de leurs avoirs en devises dans un compte en France contre lequel ils reçoivent les Franc CFA imprimés par la Banque de France. Des experts africains dénoncent le fait que les réserves en devises des pays membres de la zone Franc CFA sont déposées par la Banque de France dans des comptes rémunérés. Et ce sont les intérêts empochés qui alimentent le fond des aides publiques au développement et parfois même des dettes octroyées à ces pays.

"Le Président Macron a quelque part raison de dire que c'est bientôt la fin de la Françafrique. Sauf qu’il est certain que ce n’est pas lui qui va y mettre fin, étant donné que la politique actuelle de la France à l’égard de l’Afrique est dans la même lignée que celle menée depuis les années 1960, au lendemain des indépendances des pays africains", affirme M.Périmony.

Et d’ajouter que "c’est la jeunesse africaine, s’étant appropriée aussi bien la philosophie que le combat politique des chefs d’État africains révolutionnaires qui se sont battus contre le colonialisme et le néocolonialisme au lendemain des indépendances, qui va mettre fin à la Françafrique et tous ses réseaux souterrains. C’est cette jeunesse que nous voyons actuellement mobilisée dans plusieurs pays africains, dénonçant aussi bien la présence militaire qu’économique de la France".
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