Selon des rapports parus en février 2023, près 800 sites et bases militaires américains sont encore opérationnels dans 80 pays et territoires différents. Une autre enquête publiée depuis quelques mois par le magazine d’investigation The Intercept, affirme que les États-Unis détiennent au total 34 sites militaires en Afrique. Il s’agit de 14 bases principales et de 20 camps ou avant-postes. Ce continent représenterait ainsi le deuxième théâtre des opérations américaines après le Moyen-Orient.
"Aussi bien l’ampleur de la présence matérielle militaire américaine que les dépenses qu’elles génèrent font acte de continuation de la doctrine impérialiste fondatrice des États-Unis, qui se voient comme un empire qui a toujours besoin de s’étendre sous peine de s’effondrer", affirme sur Radio Sputnik Afrique Ahmed Kateb, chercheur algérien en relations internationales. Pour lui, "aussi bien les deux conflits mondiaux du dernier siècle que toutes les guerres qui ont suivi, déclenchées par les États-Unis, font partie de la même logique, qui vise à pérenniser la suprématie américaine y compris au détriment de leurs alliés les plus proches".
Dans cette optique, pour l’interlocuteur de L’Afrique en marche, "le continent africain, notamment les régions du Sahel et de la Corne de l’Afrique, connaissent les influences directes de cette politique américaine et occidentale en général. La situation se complique en ce moment avec l’apparition d’autres puissances comme la Russie, la Chine, la Turquie, l’Inde, le Brésil et l’Iran, qui contestent l’hégémonie occidentale. C’est aux Africains de jouer des contradictions entre les intérêts des uns et des autres pour défendre et faire avancer leurs propres intérêts".
Et selon un rapport de chercheurs de l'université de New York, en plus de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye, "il manque au moins 17 pays" dans lesquels "les États-Unis se sont engagés dans des conflits armés par le biais de forces terrestres, de forces par procuration ou de frappes aériennes". Par ailleurs, le document identifie au moins 13 pays, en plus de la Somalie et du Cameroun, ayant connu ce genre d’opérations: l'Afghanistan, l’Égypte, l’Irak, le Kenya, le Liban, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria, la Syrie, la Tunisie et le Yémen.
"Ce sont des guerres irrégulières illégales, non plus de quatrième génération, mais de cinquième génération. Nous sommes à un niveau supérieur. Nous nous rappelons tous des déclarations du Président Biden concernant le fait que le gazoduc Nord Stream 2 ne sera jamais lancé, en cas de conflit en Ukraine", indique M.Kateb, soulignant que "l'article du célèbre journaliste d’investigation américain, Seymour Hersh, est éloquent parce qu'il explique toute la dynamique qui a sous-tendu le sabotage et démontré l'implication des plus hautes autorités américaines". "Il y aura de plus en plus d'opérations de ce genre", avertit-il.
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