L’accord céréalier, dont le délai expire le 18 mars 2023, sera-t-il prorogé? Alors que l’Ukraine a demandé à la Turquie et à l'Onu d'entamer des négociations pour le prolonger, le 28 février, les Nations unies ne confirmaient aucune négociation directe dessus.
Le texte devra à nouveau passer l’épreuve de l’approbation des parties alors que les pierres d’achoppement pour la Russie se multiplient.
Où est passé le blé expédié depuis les ports ukrainiens?
Depuis le lancement de l’accord, la plus grande préoccupation de la Russie reste que la plupart des produits n’ont pas atteint les pays qui en ont besoin, principalement en Afrique.
Malgré les données fournies par les Nations unies, selon qui 44% du blé a été livré aux pays à faibles et moyens revenus et 64% de l’ensemble des céréales à des économies émergentes, Moscou a présenté des chiffres radicalement différents.
"Les pays à revenu élevé (l’UE, le Royaume-Uni) ont reçu 8,6 millions de tonnes de marchandises (47%), les pays à revenus supérieurs à la moyenne (la Chine, la Jordanie, la Malaisie, etc.) – 6,1 millions de tonnes (33%). Les pays à revenus inférieurs à la moyenne (le Bangladesh, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan) – 2,9 millions de tonnes (16%). Quant aux pays dans le besoin (la Somalie, l’Éthiopie, le Yémen, le Soudan, l’Afghanistan et Djibouti), seuls 3% y ont été expédiées", selon le communiqué de la diplomatie russe du 21 janvier.
À cet égard, Moscou a vivement dénoncé "une manipulation" et "une distorsion des faits" de la part de l’Onu.
Blocage des engrais gratuits russes
Alors que les exportations depuis la Russie font l’objet d’innombrables paquets de sanctions antirusses, parallèlement à l’accord céréalier, un mémorandum a été signé entre la Russie et l’Onu pour mettre hors de cause les engrais russes. Pourtant, selon Moscou, ce document n’est pas non plus respecté.
Dans son communiqué, la diplomatie russe est donc revenue sur le blocage continu du transfert d’ammoniac (substance utilisée dans la production d'engrais) dans le port de Ioujny dans la mer Noire.
Le ministère russe a en outre cité la situation des 300.000 tonnes d’engrais russes, immobilisées dans des ports européens. Jusqu'à présent, le premier et unique lot de 20.000 tonnes a été expédié des Pays-Bas vers le Malawi le 28 novembre 2022.
Probable livraison de matières radioactives
Les ports d'Odessa et de Tchernomorsk, engagés dans l'accord céréalier, ont pu être utilisés pour acheminer des matières radioactives en Ukraine, a affirmé ce 1er mars la diplomatie russe se référant à ses données.
Moscou a ainsi mis en garde Kiev "et ses sponsors occidentaux" contre des actions irréfléchies "mettant en danger les vies et la santé de milliers de civils", pour citer les propos de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova.
Toujours selon la diplomatie russe, Kiev préparerait une provocation avec de telles substances près de la Transnistrie, État indépendant autoproclamé depuis la dislocation de l'URSS en 1991 au sein de la Moldavie.
L’accord en "situation difficile"
L'Onu, de son côté, vient d'assurer qu'elle œuvre pour éliminer les obstacles empêchant les exportations d'engrais russes entassés dans les ports européens.
Mi-février, le chef des affaires humanitaires de l'Onu, Martin Griffiths, a dit espérer le renouvellement de l’accord, mais a estimé que les choses étaient "dans une situation légèrement plus difficile en ce moment".