"Le peuple du Donbass défend son droit de vivre sur sa terre et de parler sa langue natale", c’est ainsi que Vladimir Poutine a expliqué, lors de son adresse au Parlement russe, ce qu’il s’est passé dans le sud-est de l’Ukraine depuis 2014 et ce qui a mené la Russie à y lancer l’opération militaire spéciale.
En effet, pour comprendre les raisons de la crise actuelle, il faut revenir en février 2014, lorsqu’un coup d’État a conduit au pouvoir à Kiev des partisans de l'association de l’Ukraine avec l'Union européenne. Ce coup d’État avait alors déclenché une vague de protestation dans le sud-est de l’Ukraine, où la majorité de la population ne voulait pas rompre avec la Russie et avait peur d’une hausse de la criminalité et du nationalisme, ainsi que de la dégradation des conditions économiques et sociales.
Comme en témoigne le recensement de 2001, d'un point de vue socioculturel, la Crimée et le Donbass étaient les régions les plus proches de la Russie. La part des Russes en Crimée dépassait 58%, et dans les régions de Lougansk et Donetsk, 38% et 39% respectivement. Dans les régions de Kharkov, de Zaporojié et de Kherson, ce chiffre était de 25,6%, 24,7% et 14% respectivement.
En conséquence, le mouvement de protestation croissant a conduit à la déclaration d'indépendance des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) en avril 2014. Ensuite, lors de référendums au mois de mai, leur population a voté à une écrasante majorité pour la souveraineté de ces deux régions. De son côté, 96% de la population de la Crimée a voté en mars 2014 pour le rattachement de la péninsule à la Russie.
Kiev utilise la force
Cependant, l’obtention de la souveraineté des RPD et RPL n’a pas empêché Kiev de lancer contre ces républiques une opération militaire d’envergure qui a fait de nombreuses victimes parmi les civils, y compris des journalistes russes qui couvraient ces évènements.
Dans une tentative d’apaiser les tensions dans le sud-est de l'Ukraine, le protocole de Minsk, ainsi qu'un mémorandum ont été signés en septembre 2014. Toutefois, malgré les mesures prévues dans le cadre de l’accord, les forces de sécurité ukrainiennes ont continué de mener des actions militaires contre les forces des RPD et RPL, violant ainsi le régime de cessez-le-feu.
Les cessez-le-feu violés
Le deuxième accord de Minsk, conclu en février 2015, n'a pas contribué à empêcher l'escalade du conflit. Alors qu’il prévoyait un cessez-le-feu à partir du 15 février 2015 et le retrait des armes lourdes par les deux parties, les attaques des forces ukrainiennes contre les républiques se sont poursuivies. En avril 2015, les autorités de la RPD ont fait état d’entre 6.000 et 10.000 civils tués, dont près de 80 enfants, sur son territoire depuis le début du conflit.
Une autre tentative de réduire les tensions a été entreprise le 8 mars 2019, lorsqu'un accord sur un cessez-le-feu jusqu’au 20 juillet dans le sud-est de l'Ukraine a été conclu à Minsk. Malgré cela, les forces ukrainiennes ont tiré au cours de cette période, selon les autorités de la RPD, plus de 25.000 obus contre le territoire de la République. Le 27 juillet 2019, un cessez-le-feu pour une durée indéterminée a été mis en place. Pourtant, la mesure ne s’est pas montrée efficace.
Le bilan de huit ans de conflit
Jusqu’au début de l’opération militaire russe en Ukraine, les forces ukrainiennes ont violé de manière régulière le régime de cessez-le-feu. Dans son rapport pour la période du 1er janvier 2017 au 15 septembre 2020, la mission spéciale de l'OSCE a noté que le nombre de décès de civils à la suite d'actions militaires sur le territoire de la RPD et de la RPL est trois fois plus élevé que du côté ukrainien. En mars 2022, le Comité d'enquête russe a fait état de 2.600 civils tués dans le Donbass depuis le début du conflit.
Ainsi, d’après le Président russe, le peuple du Donbass "s'est battu et n'a pas renoncé à sa lutte sous le blocus et les bombardements constants, face à la haine non dissimulée du régime de Kiev". Vladimir Poutine a souligné que le Donbass "a cru et attendu que la Russie vienne à la rescousse".