Fin de partie: le Maroc met un terme aux fonctions de son ambassadeur en France

Rabat a mis fin aux missions de son ambassadeur à Paris, Mohamed Benchaaboun, qui sera appelé à d’autres responsabilités. Aucun successeur n’est désigné, alors que le contexte reste tendu entre le Maroc et la France.
Sputnik
La décision était attendue, mais elle n’en laisse pas moins un vide diplomatique entre Paris et Rabat. Mohamed Benchaaboun, ambassadeur du royaume chérifien en France depuis octobre 2021, a vu sa mission prendre fin, rapporte le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le diplomate pourra désormais se consacrer pleinement à la gestion du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, à la tête duquel il a été nommé en octobre dernier.
Ironie grinçante: le Bulletin Officiel marocain a fixé l’arrêt de la mission de l’ambassadeur au 19 janvier 2023. Une date symbolique, puisque ce jour-là, le Parlement européen avait voté une résolution défavorable au Maroc, lui demandant de "respecter la liberté d’expression et la liberté des médias". Bruxelles demandait notamment la libération des journalistes Omar Radi, Soulaimane Rassouni et Taoufik Bouachrine.
Le même Parlement européen avait été éclaboussé par le "Qatargate" en décembre, un scandale de corruption d’eurodéputés, au cours duquel le Maroc a été pointé du doigt.

Des relations au plus bas

Le fait que Rabat n’ait pas encore désigné de successeur à Mohamed Benchaaboun est vu par certains observateurs comme symptomatique des relations glaciales qu’entretiennent la France et le Maroc ces derniers mois.
Plusieurs médias et personnalités politiques marocains ont en effet accusé la France d’être à l’origine de la résolution de l’UE sur la liberté de la presse. Le député marocain Ahmed Touizi avait par exemple accusé Paris d’avoir perdu la tête "à l'odeur du gaz" algérien, en référence au rapprochement énergétique entre la France et l’Algérie. Des critiques qui avaient poussé Christophe Lecourtier, ambassadeur français au Maroc, à expliquer que la résolution européenne n’engageait "aucunement la France".
Le Maroc, comme l’Algérie et la Tunisie, sort par ailleurs d’une crise des visas avec la France, qui a pris fin en septembre. Paris avait décidé de restreindre l’accès aux titres de séjour pour forcer Rabat à s’investir sur le dossier de l’immigration illégale. Il était notamment question de reprendre les ressortissants condamnés par la justice française.
Plus récemment, le petit monde des médias français a été secoué par une autre affaire de corruption en lien avec le Maroc. La chaîne BFM TV a ainsi lancé une enquête interne contre son présentateur star Rachid M’Barki, accusé d’avoir servi d’outil d’influence au profit de Rabat.
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