"Ce n'est pas une surprise que la Russie se rende sur le continent africain"

L’Afrique a assez de "souveraineté" pour déterminer, elle seule, "avec qui, quand et comment elle va entretenir des relations", a déclaré le chercheur sud-africain Mikatekiso Kubayi à Sputnik, commentant la dernière tournée de Sergueï Lavrov sur le continent et les critiques de Washington sur les activités russes en Afrique.
Sputnik
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a achevé la semaine dernière une tournée en Afrique qui l’a mené en Afrique du Sud, en Eswatini, en Angola et en Érythrée. Alors qu’il s’agit de la deuxième visite du ministre sur le continent en six mois, Sputnik a interrogé Mikatekiso Kubayi sur cette intensification des contacts entre la Russie et les pays africains.
Ce chercheur, travaillant à l’Institut pour le dialogue mondial (IGD) et à l’Institut pour la pensée et la conversation panafricaines (IPATC) de Johannesburg, a estimé que l'approfondissement des relations avec la Russie est l'un des moyens pour le continent d’atteindre son objectif de développement.
M.Kubayi a notamment rappelé que Moscou et Pretoria avaient récemment commémoré le 30e anniversaire de leurs relations diplomatiques. Il faut retenir qu’à l’époque de l’apartheid, l'Union soviétique avait apporté au peuple sud-africain "un soutien et une assistance considérables à la cause de la liberté".
Il a tout de même appelé le continent à "être prudent" car "l'intimidation et l'imposition de la concurrence des grandes puissances sur le continent ne sont pas utiles aux objectifs de développement de l'Afrique".

L’opposition de Washington

Dans ce contexte, il a trouvé "problématique" une initiative législative de Washington visant à "contrer les activités russes malveillantes en Afrique".
"Quelle serait la définition ou les critères d'une ‘activité malveillante’ et qui serait chargé de les déterminer? L'Afrique n'a pas demandé à ce qu'on lui dise ce qu'est une activité malveillante sur son territoire et elle a certainement l'autorité et la souveraineté pour déterminer avec qui, quand et comment elle va entretenir des relations", a-t-il souligné.

Explorer le domaine militaire

Pour le chercheur, "ce n'est pas une surprise que la Russie se rende sur le continent et renforce ses relations diplomatiques" car "il y a beaucoup d'avantages mutuels qui peuvent être explorés". La prochaine tenue par l’Afrique du Sud d'exercices militaires conjoints avec les marines russe et chinoise en est un bon exemple.
"Cela n'a rien d'étrange si l'on considère les ambitions de l'Afrique du Sud dans le domaine de la construction navale, de l'économie maritime et de diverses autres activités."
M.Kubayi a noté que les exercices en question pourraient faire partie des efforts du continent africain de renforcer sa sécurité. "L'Union africaine cherche toujours à améliorer sa force d'intervention et à renforcer sa capacité à répondre aux défis internes".
Par cette raison la décision de l’Eswatini d’intensifier ses relations avec Moscou dans le domaine militaire semble logique, selon le chercheur, car cette monarchie est confrontée à plusieurs défis, dont un extrémisme violent.
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