Alors que le Mali fête le 62e anniversaire de son armée ce 20 janvier, celle-ci fait face à des enjeux sécuritaires majeurs. La lutte contre le terrorisme pose notamment des défis multiformes, comme l’explique à Sputnik Aly Tounkara, directeur du Centre des Études Sécuritaires et Stratégiques au Sahel (CE3S).
Les différents buts et idéologies poursuivis par les groupes terroristes brouillent en effet les cartes. Un problème qui dépasse les simples questions d’armements.
"Le terrorisme reste un phénomène évolutif. L’armée a-t-elle affaire à des gens qui sont dans des conflits communautaires? Dans un conflit indépendantiste? Ou à des gens qui sont dans des trafics d'immigration irrégulière? Ces défis d'identification ou de profilage restent pesants, en dépit de la modernisation de l'armée malienne avec l'acquisition d'équipements obtenu via la Russie", explique ainsi le chercheur.
Pour faire face à cette complexité, Bamako doit être prêt à jouer sur d’autres leviers pour appuyer ses opérations militaires. Des investissements sur le front social ou religieux peuvent par exemple favoriser la collecte de renseignements auprès des populations locales, souligne le spécialiste.
L’emprise occidentale freine la coopération
La lutte contre le terrorisme passe également par la coopération des différents États du Sahel, explique Aly Tounkara. Mais l’influence occidentale en matière militaire pèse sur la plupart des pays de la région, freinant leur coopération.
"Il est important que les États sahéliens, y compris ceux n’étant pas en proie aux attaques terroristes, s’engagent sous un même commandement. On ne peut pas lutter efficacement si le commandement n'est pas commun. Or, dans le cas du Sahel, les États sont majoritairement inféodés à la puissance militaire occidentale. Cette dépendance vis-à-vis de politiques ou de stratégies militaires occidentales n'aide pas les États sahéliens à coopérer", souligne le chercheur.
Les tensions entre le Mali et le Niger portent en particulier préjudice à la lutte contre les groupes radicaux, déplore le sociologue.
Récemment, le Mali a également demandé à l’Algérie d’accentuer ses efforts en vue d’instaurer la stabilité dans la région. Alger reste le chef de file de la médiation internationale de l'Accord pour la paix et la réconciliation.