L’eurodéputé français Hervé Juvin figure parmi les peu nombreux parlementaires (19 au total) qui ont voté contre la résolution du Parlement européen exigeant la création d’un tribunal qui devrait poursuivre "le crime d’agression" russe en Ukraine.
Ce document "n’a pas de sens, politiquement, cela aboutit à supprimer la souveraineté des nations", observe au micro de Sputnik M.Juvin, dénonçant son "côté inégal et injuste".
Dans les faits, la résolution, soutenue par 472 députés et bloquée par 33, n’est pas juridiquement contraignante.
"J’observe par ailleurs que de grands pays attachés à leur souveraineté, comme Israël, comme les États-Unis, comme bien d'autres, ne reconnaissent ni le Tribunal pénal international, ni les cours de justice internationale", argumente-t-il.
Selon cet eurodéputé non-inscrit, il faudrait plutôt déférer devant un tribunal international les responsables des bombardements en Irak, en Serbie et ceux qui ont détruit la vie de millions de Syriens via "des sanctions économiques injustes".
Une guerre que la Russie "ne peut pas perdre"
Après avoir antérieurement qualifié l’Otan de principale menace pour la paix, Hervé Juvin insiste que "l'encerclement graduel par l'Otan de la Russie [est] un pousse-au-crime".
L’eurodéputé pointe les multiples documents confirmant la préparation de cette guerre par l’Occident entamée il y a longtemps. Il cite Angela Merkel selon qui les accords de Minsk ne visaient qu’à "permettre à l'Ukraine de s'armer", ainsi que des "professionnels du renseignement", dont l’actuel patron de la CIA, qui disaient que "toute extension de l'Otan à l'Ukraine est un casus belli pour la Russie".
Face à cela, "évidemment que la Russie est engagée dans une guerre qu'elle ne peut pas perdre", juge l’eurodéputé.
La veille, le vice-président du Conseil de sécurité russe Dmitri Medvedev a tenu à rappeler que "les puissances nucléaires n'ont pas perdu les grands conflits dont leur sort dépend", ajoutant qu’une telle défaite théorique déclencherait une guerre nucléaire. Des propos en réponse à une opinion courante actuellement en Occident, qui souhaite la défaite russe en Ukraine.
La Russie, "sponsor du terrorisme"
Cette initiative de création d’un tribunal spécial n’est pas unique en son genre au sein du Parlement européen sur fond de conflit ukrainien ces derniers mois. En novembre, une résolution qualifiant la Russie de parrain du terrorisme a été adoptée.
Il s’agit d’"un simple acte de communication pour donner l'impression que l'Europe agit", commentait alors pour Sputnik le parlementaire Thierry Mariani, dont tous les confrères du Rassemblement national (parti de la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale) se sont abstenus au vote du 19 janvier.