Afrique en marche

Ceux réunis à Davos ne changeront pas la direction libérale de l’économie, présume un expert

La mondialisation libérale est un échec, affirme au micro de Sputnik Afrique Omar Aktouf, professeur à HEC Montréal. Mais les participants au Forum de Davos ne seraient pas en mesure d'admettre leur culpabilité et encore moins de corriger leurs erreurs. Surtout en l'absence d’hommes d'affaires russes et chinois.
Sputnik
Le jour même de l’ouverture du Forum de Davos, où se réunit l’élite politique, économique et financière de la planète, l’ONG britannique Oxfam a publié son rapport annuel sur la pauvreté et les inégalités dans le monde. Selon ce document, l’extrême précarité a explosé depuis 2015, atteignant actuellement à près de 10% de la population mondiale. Dans le même temps, les 2755 milliardaires du monde auraient vu leur patrimoine augmenter davantage pendant le Covid-19 que durant les quatorze années précédentes. Ce fait ressort également de la liste des participants au forum: 116 milliardaires s’y sont inscrits, soit une augmentation de 40 % par rapport à 2012.
D’ailleurs, hormis le chancelier allemand Olaf Scholz, aucun autre dirigeant du G7 n’a fait le déplacement cette année, même le Président américain Joe Biden. Même topo pour les pays membres des BRICS. Les chefs d’État du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et d’Afrique du Sud pointent tous sur la liste des absents. Néanmoins, les absences les plus marquantes sont celles de Vladimir Poutine et de Xi Jinping.
"La souveraineté de l’État et la sauvegarde de la culture nationale sont des constantes inaliénables en Russie et en Chine", affirme à L’Afrique en marche Omar Aktouf, Professeur titulaire à HEC Montréal et membre du conseil scientifique d’ATTAC au Québec. "La Russie et la Chine ont des cultures infiniment plus mutualistes, collectivistes et communautaires d’entraide, de soutien et de filets sociaux que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France actuellement. Et évidement, ceci est un danger mortel pour le complexe militaro-industriel qui contrôle les économies occidentales", ajoute-t-il.
Peut-on conclure que les grandes puissances émergentes des BRICS sont en train d’imposer une nouvelle direction et architecture dans la gestion des affaires du monde? Affirmatif, répond le Pr Aktouf avant d’expliquer que c’est à cause de cela que les Occidentaux et l’Otan "sont en train de tout faire pour nuire ou du moins contrôler ou circonscrire cette réussite russe et chinoise dans le but de la défaire".
"Ainsi, nous voyons les problèmes de logistiques et de transports, imposés à ces deux pays, dans un contexte marqué par l’opération militaire spéciale russe en Ukraine, que l’Otan a préparé depuis 2014. Tout ça rentre dans la stratégie des États-Unis, et son vassal l’Europe, qui visent à atteindre plusieurs objectifs à la fois. Faire avancer les structures de l’Otan vers l’est, même jusqu’à l’Oural s’ils le pouvaient, n’était-ce la puissance militaire de la Russie. Affaiblir l’Europe, l’Allemagne à sa tête, à l’instar de ce qui s’est passé lors de la première et la seconde guerres mondiales, et enfin la Chine en prenant Taïwan comme prétexte".
Le forum de Davos saura-t-il relever les défis de l’échec de la mondialisation libérale, de la paix dans le monde et de la pauvreté? "Même pas en rêve", estime le Pr Aktouf.
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