"L’objectif des sanctions contre le Mali était de soulever le peuple"

Les sanctions prises contre le Mali ont durement touché la population, explique à Sputnik le politologue Abdoul Diallo. L’objectif inavoué était de soulever le peuple contre le gouvernement, souligne-t-il.
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Un an après les premières salves de sanctions prises contre le Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’heure est au bilan. Si certaines restrictions ont depuis été levées, le peuple malien n’en a pas moins souffert, explique à Sputnik l’analyste politique Abdoul Diallo, qui déplore une volonté de pousser à l’émeute.
"Ces sanctions ont beaucoup affecté la vie du peuple malien, surtout sur le plan économique. Elles ont été jugées illégales et illégitimes. Les textes de la CEDEAO et de l'UEMOA n'ont pas été respectés. L’objectif était de soulever le peuple contre les militaires; il fallait le plonger dans la faim et dans la soif […] Le rêve était de pouvoir mettre à la tête de la Nation des personnes soumises", explique-t-il ainsi.
Le politologue rappelle que c’est tout d’abord le peuple qui s’est soulevé pour demander le départ de l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keita, en 2020. L’armée, "garante de la souveraineté et de l’indépendance" a suivi le mouvement populaire.

Rôle de la France

Au-delà des décisions de la CEDEAO, Abdoul Diallo fustige également le comportement de la France, qui a appelé l’organisation à prendre ces lourdes sanctions contre le Mali. Une attitude qui révèlé à la fois "l’immaturité" du Président français Emmanuel Macron et l’influence dont jouit encore Paris en Afrique.
"Emmanuel Macron est l'enfant immature de la France. Son pays ne fait pas partie des États membres de la CEDEAO. Comment peut-il demander à l’organisation de prendre des sanctions? En réalité, la France cherche toujours à mettre des personnes soumises à sa volonté à la tête des pays africains. Voyant qu’elle ne pouvait pas se servir des militaires, elle a demandé aux chefs d'État de l'organisation sous-régionale de prendre ces sanctions", souligne le politologue.
Le politologue espère désormais que la CEDEAO lèvera les dernières restrictions économiques contre Bamako, mais surtout "analysera les faits" pour mieux aider et soutenir le Mali.
Bamako a longtemps lutté pour une levée des sanctions, arguant des efforts fournis pour rétablir le processus démocratique, via notamment l’établissement d’un nouvel agenda électoral. La CEDEAO avait desserré la vis l’été dernier, annulant certaines restrictions.
Plus récemment, l’organisation s’est retenue de frapper à nouveau dans l’affaire des soldats ivoiriens détenus au Mali, jugeant que de nouvelles sanctions n’étaient pour l’heure pas appropriées.
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