La politique américaine en Afrique va prendre un coup de projecteur avec la tenue du Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique à Washington, du 13 au 15 décembre. Une initiative qui vise surtout à "faire croire que les voix africaines sont prises en compte", déplore au micro de Sputnik la journaliste américano-éthiopienne Hermela Aregawi.
Selon elle, Washington a tendance à inviter toujours les mêmes types d’intervenants, les "voix tribalistes", qui portent un discours ethnique, particulièrement dans le cas de l’Éthiopie. L’événement trahit aussi l’approche monolithique des États-Unis, qui voient trop souvent l’Afrique comme un bloc.
"Lorsque que j’étais petite, certaines personnes pensaient que l'Afrique était un seul pays. C’est un peu l’approche américaine sur ce sommet. C’est une opportunité pour certains de parler fort, alors que les États-Unis pourraient faire des choses vraiment tangibles […] en commençant par ne pas sanctionner tout le monde. Un tiers du continent est sous sanctions", explique ainsi Hermela Aregawi.
La journaliste rappelle notamment que Washington a banni l’Éthiopie de l’African Growth Opportunities Act (AGOA), accord censé réguler les échanges commerciaux entre les États-Unis et l'Afrique. Une mise à l’écart sous couvert de "violations des droits humains" qui a affecté le secteur manufacturier et fait disparaître des milliers d’emplois.
Des élections plutôt que de l’eau potable?
Hermela Aregawi reproche encore aux États-Unis de se focaliser sur le volet politique et démocratique en Afrique, en oubliant les besoins fondamentaux des peuples. Le développement économique doit être la priorité des pays africains, affirme la journaliste, qui déplore que les aides américaines n’aient jamais porté leurs fruits.
"Peu importe que les gens puissent voter ou organiser des élections, comme les États-Unis souhaitent le voir dans les pays africains, si les peuples n'ont pas le droit à l'eau potable et s'ils n'ont pas le droit de voir leurs besoins fondamentaux satisfaits. Après des décennies de politique américaine pour le développement économique, beaucoup de pays africains ne se développent pas", explique-t-elle.
Washington, qui domine les institutions internationales pouvant permettre à l’Afrique de progresser, doit désormais voir le continent comme "un véritable partenaire" et miser sur sa jeunesse, conclut la journaliste.