L’accord sur les céréales ukrainiennes a besoin d’être ajusté, car leurs principales livraisons ne sont pas destinées aux pays pauvres, a indiqué la diplomatie russe dans un entretien à Sputnik.
Conclu par la Russie, l’Ukraine, la Turquie et l’Onu en juillet dernier, ce document vise à "assurer la sécurité alimentaire en premier lieu des pays pauvres d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine", a rappelé ce 12 décembre le ministre adjoint des Affaires étrangères russe.
"Malheureusement, les chiffres actuels ne confirment pas que la plupart des céréales vont justement vers ces pays. Nous estimons que des rectifications sont nécessaires. Car l’objectif primordial des efforts appliqués par le secrétaire général de l’Onu et par le Président turc était, je le répète, d’aider les pays les plus pauvres", a expliqué Sergueï Verchinine, à l’issue de ses pourparlers avec la partie turque à Istanbul.
Revenant sur l’inspection d’un bateau réalisée par la délégation russe dans cette ville, il a pointé qu’il s’agissait d’un grand cargo battant pavillon libérien qui se dirigeait vers l’Espagne, contrairement à la mission de cet accord. Depuis fin septembre, Moscou ne cesse de signaler que l’écrasante partie de ces denrées alimentaires part vers l’Europe.
Fertilisants gratuits
En plus de cela, la Russie travaille toujours sur le déblocage des engrais russes immobilisés dans des ports européens et mis à titre gratuit à la disposition des pays pauvres. Moscou s’entretient avec l’Afrique à ce sujet, a ajouté le ministre adjoint.
"Je rappelle que le Président russe avait publiquement déclaré que nous étions disposés à donner gratuitement les engrais immobilisés dans certains pays européens aux pays qui en ont besoin, en particulier, aux pays africains. Il s’agit d’un volume assez important, près de 260.000 tonnes. À cet égard, nous avions eu des contacts avec des pays africains, avec l’Union africaine", a détaillé M.Verchinine.
Et d’ajouter que la partie russe est aussi prête à assurer leur transport.
Accords quadrilatéraux
La délégation russe s’est rendu en Turquie pour contrôler la réalisation des accords conclus cet été. Ceux qui concernent les exportations alimentaires depuis l’Ukraine ont initialement été signés le 22 juillet à Istanbul pour une durée de 120 jours. Ils ont été reconduits le 17 novembre pour 120 jours supplémentaires. La Turquie et l’Onu sont impliquées dans l’inspection des navires qui font sortir du blé depuis des ports ukrainiens.
Ces accords sont appuyés par un mémorandum entre l’Onu et la Russie pour une durée de trois ans, prévoyant la suppression des restrictions antirusses qui entravent l’exportation d’engrais et de produits agricoles. Or, le blocage des engrais russes est maintenu par l'UE en dépit même de leur envoi à titre gracieux par Moscou.