L’Otan n’essaie même plus de garder son secret de polichinelle. Alors que de nombreux observateurs ont pointé du doigt l’Ukraine après l’attentat du pont de Crimée, deux chercheurs de l’Alliance viennent implicitement d’admettre que Kiev était bien derrière l’attaque, dans un article publié par la Revue de l’Otan.
"Nous savons que l'Ukraine a déjà utilisé la force militaire contre des cibles en Crimée, y compris des frappes de drones sur une base aérienne et une frappe non réclamée, bien que dévastatrice, sur le pont du détroit de Kertch", admettent Pierre de Drais et Andrea Gilli, deux chercheurs militaires appointés par l’Alliance .
Des accusations à peine voilées, même si la publication indique que ces déclarations ne constituent pas "la position officielle de l’Otan" en la matière.
Les deux chercheurs soulignent par ailleurs l’importance de la Crimée aux yeux de la Russie, notamment à cause de la base navale de Sébastopol, siège de la Flotte russe de la mer Noire. Une pression ukrainienne sur la région pourrait donc provoquer "des erreurs de calcul entraînant une escalade nucléaire". Les prédictions sont difficiles et les actions à venir en Crimée dépendent d’une multiplicité de variables, indiquent cependant les experts militaires.
Attentat sur le pont de Crimée
Le 8 octobre, une violente explosion avait frappé le pont reliant la péninsule de Crimée à la région de Krasnodar. Un camion avait explosé en passant à côté d’un train de marchandises, enflamment sept wagons-citernes. L’attaque avait fait quatre morts, dont un juge originaire de Moscou. La circulation avait finalement été rétablie au bout de quelques heures.
De nombreux observateurs avaient déjà pointé du doigt la responsabilité de Kiev dans cette explosion. Les dirigeants ukrainiens avaient plusieurs fois menacé de faire sauter ce pont, comme le rappelait récemment à Sputnik Dragana Trifkovic, directrice du Centre d'études géostratégiques de Belgrade. Plusieurs officiels s’étaient d’ailleurs réjouis de l’attentat sur les réseaux sociaux.
Vladimir Poutine avait pour sa part dénoncé l’œuvre des services spéciaux ukrainiens. Quelques jours après l’attentat, une série de frappes russes avaient touché les principales infrastructures énergétiques ukrainiennes.