Lutte antiterroriste: le Burkina Faso remet en question la loyauté de "certains partenaires"

Alors que le Burkina Faso vit ces derniers mois au grès des manifestations contre la présence militaire française, son Premier ministre s’en est pris à "certains partenaires" qui, selon lui, ne sont pas assez loyaux dans la lutte anti-djihadiste. Il s’est interrogé sur les raisons de l’inefficacité des alliés, dotés d’équipements modernes.
Sputnik
Faisant valoir le manque d’efficacité de la lutte antiterroriste au Burkina Faso, son Premier ministre a suggéré que "la complicité de certains" en constitue une des causes.
"Comment comprendre que le terrorisme gangrène notre pays depuis 2015, dans l’indifférence, si ce n’est avec la complicité de certains de nos prétendus partenaires. Où trouvent-ils les armes, les munitions, le carburant, l’argent qu’ils ont à profusion?", a avancé Apollinaire Kyélem de Tembela, nommé Premier ministre, dans son message prononcé le 19 novembre à lAssemblée législative de transition.
Le pays cherche à "renforcer les liens d’amitié avec tous les pays" et attend que chacun de ses alliés "soit loyal". Mais il semble que ce ne soit pas le cas. "Nous pensons, peut-être à tort, que certains partenaires n’ont pas toujours été loyaux", a estimé le chef du gouvernement sans nommer quiconque.
Selon lui, c’est dans une approche marquée par "l’indifférence" et même "la complicité" de ces partenaires, que le Burkina Faso n’arrive pas à prendre le dessus dans la lutte anti-djihadiste: "Comment des pays qui ont le contrôle de l’espace, avec des moyens modernes de détection, ne peuvent-ils pas, s’ils sont nos vrais amis, nous donner les renseignements nécessaires sur les agissements et les mouvements de ces terroristes?".
"N’avons-nous pas été jusque-là trop naïfs dans nos relations avec nos partenaires?", s’est-il interrogé.

Coopération avec des pays limitrophes

Le Premier ministre a également donné des vecteurs de la politique étrangère axée sur la diversification des "relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso".
Le fonctionnaire a évoqué le renforcement de la coopération et la lutte contre le terrorisme avec les pays limitrophes, après que le capitaine Ibrahim Traoré venu au pouvoir fin septembre a effectué son premier voyage à l’étranger, au Mali, les deux pays étant confrontés à la violence de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda* et à Daech* depuis des années.

L’autosuffisance alimentaire

Apollinaire Kyélem de Tembela a également évoqué "la dépendance de l’Afrique dans l’approvisionnement en engrais" et en blé, mise en évidence à cause du conflit militaire en Ukraine.
"Il est donc temps d’explorer nos potentialités locales pour sécuriser, dans la mesure du possible, nos besoins en intrants agricoles, mais aussi de remettre la question de l’autosuffisance alimentaire dans les objectifs de court terme à atteindre dans le cadre de nos politiques agricoles", a-t-il indiqué.

Situation tendue

Ce discours survient au lendemain d'une énième manifestation contre la présence française dans le pays. Le 18 novembre les forces de l'ordre burkinabé ont dispersé à Ouagadougou un rassemblement qui visait l'ambassade de France et la base militaire hexagonale à Kamboinsin.
Contrairement au Mali, le Burkina Faso garde des liens militaires avec Paris. Pour l'instant, environ 400 soldats des forces spéciales y sont présents. Cependant, la Défense française n’a pas écarté la possibilité du prochain retrait de ses troupes du pays.
Paris emploie encore quelque 3.000 militaires au Sahel. Récemment, il s’est donné six mois pour finaliser sa nouvelle stratégie en Afrique.
* Organisation terroriste interdite en Russie
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