Inefficacité, inutilité, fatigue? La Minusma ne serait pas regrettée au Mali

Le retrait de contingents ivoiriens ou britanniques du Mali ne changera pas fondamentalement la donne sécuritaire, expliquent un responsable de la commission de la Défense au Conseil national de transition et un économiste interrogés par Sputnik. La Minusma n’étant jamais parvenu à éradiquer le terrorisme.
Sputnik
Alors que la mission onusienne pour la stabilisation du Mali (Minusma) voit fondre ses effectifs comme neige au soleil, le Mali ne devrait pas en pâtir outre mesure.
Les forces onusiennes affichent, en effet, un piètre bilan dans la lutte contre le terrorisme, n’ayant jamais réellement appuyé l’armée malienne en la matière, comme l’explique à Sputnik Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission de la Défense au Conseil national de transition.
"En matière de lutte contre les groupes terroristes, la Minusma n’intervient pas. Depuis qu’elle est là, elle n’a jamais soutenu le Mali concernant l’appui feu ou le renseignement. Il n’y aura pas de vide sécuritaire. Dans ce sens, ce sont les FAMA, les forces armées maliennes seules qui travaillent", affirme-t-il.
La Côte d’Ivoire, le Royaume-Uni ou l’Allemagne, qui retirent progressivement leurs troupes se "rendent compte de l’inutilité de leur présence sur le sol malien", ajoute le haut responsable. Un fiasco qui n’a d’ailleurs rien d’étonnant, les forces onusiennes ayant déjà essuyé de semblables échecs au Liban ou en Haïti. Autant de pays où "la situation sécuritaire ne s’est jamais améliorée", déplore Fousseynou Ouattara.
Le rôle de la France au sein des Nations Unies est particulièrement problématique, souligne encore le responsable. Paris ayant tendance à faire passer la défense de ses intérêts au-dessus de celle des peuples africains, présentant parfois des "rapports très tendancieux" en matière de maintien de la sécurité.

Fatigue de la population

La Minusma paie aussi une forme de désamour chez les populations africaines. Plusieurs protestations ont eu lieu ces derniers mois pour réclamer le départ des forces onusiennes, au Mali comme au Soudan ou en RDC. Un ras-le-bol lié à l’impuissance des Nations Unies à remplir pleinement leur mission, explique à Sputnik Barry Ousmane Aly, économiste à Bamako.
"Les missions des Nations Unies sont considérées inefficaces et les populations sont de plus en plus fatigués de leur présence, qui n’empêchent pas les terroristes de détruire des villages entier", résume-t-il.
La présence de la Monusco en RDC depuis près de 10 ans devrait faire réfléchir et amenait l’Onu à se réformer, ajoute l’universitaire.
Ce 15 novembre, la Côte d’Ivoire avait annoncé retirer son contingent au Mali, les deux pays étant en bisbille depuis l’arrestation d’une cinquantaine de soldats ivoiriens début juillet. Le Royaume-Uni a également choisi d’accélérer son retrait anticipé, au même titre que l’Allemagne ou la Suède.
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