L’Union africaine se penche sur d’éventuelles sanctions contre le Tchad, N’Djamena réagit

Sur fond de refus de respecter la durée de 18 mois convenue pour la transition du pouvoir au Tchad qui a conduit à de récents affrontements, l’UA, dans son rapport, n’exclut pas de sanctions contre les autorités provisoires du pays. N’Djamena qualifie la démarche de "pamphlet contre le gouvernement".
Sputnik
Le président de la Commission de l'Union africaine (UA) Moussa Faki présente ce 11 novembre, lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (CPS), un rapport sur la situation au Tchad, presque un mois après la répression des manifestations contre les autorités de transition, qui ont fait plusieurs dizaines de morts.
Le rapport relayé par Al Wihda dénonce le refus du pouvoir de transition de respecter la période de transition de 18 mois convenue. L'interdiction faite aux militaires au pouvoir d’être candidats aux prochaines élections n’est pas respectée non plus. Ces décisions sont "allées totalement à l'encontre des décisions réitérées du Conseil de paix et de sécurité et des instruments juridiques pertinents de l'UA".
Le rapport souligne également que plusieurs exigences et décisions du CPS, organe chargé de la prévention et du règlement des conflits, "ont été totalement ignorées".
Dans ces conditions, estime Moussa Faki, le CPS n’exclut pas d’éventuelles sanctions contre le pouvoir de transition au Tchad, selon RFI.
Enfin, le rapport suggère de nommer un facilitateur de l'UA (un chef d'État en fonction) pour favoriser une solution politique, ainsi que d’envoyer une mission de haut niveau de la Commission de l'UA au Tchad pour tenter de trouver un consensus.
Quant aux autorités actuelles du Tchad, elles ont qualifié le rapport de "pamphlet contre le gouvernement", selon RFI. D’après elles, le dossier tchadien doit être soumis à la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC) et non au CPS.

Manifestation pour dire non au pouvoir de la transition

Le rapport du CPS appelle à une enquête pour établir les responsables des événements du 20 octobre lorsqu’une cinquantaine de manifestants ont été tués et des centaines ont été blessés à N'Djamena et dans quelques autres villes. Les forces de l'ordre avaient alors violemment réprimé des rassemblements organisés par deux mouvements d’opposition. D’après les autorités de la transition, ces manifestations étaient une "insurrection minutieusement préparée" avec le "soutien de puissances étrangères".
Les manifestants protestaient contre la prolongation pour deux ans du général Mahamat Idriss Déby Itno à la présidence du pays. Le 20 avril 2021, après l'annonce du meurtre du maréchal Déby, l'armée avait proclamé son fils Mahamat Idriss Déby Itno, 37 ans, Président de la République. Lui, ainsi que 15 généraux, sont restés au pouvoir pour une période de transition de 18 mois renouvelable une fois, tout en promettant des "élections libres et démocratiques" après. Pourtant, début octobre 2022, Mahamat Idriss Déby Itno a été maintenu dans sa fonction et une deuxième période de transition de deux ans a été décrétée.
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