La fin de l'opération Barkhane ne veut pas dire le départ des bases militaires françaises du Sahel. Paris souhaite changer de stratégie "pour continuer à nous occuper illégalement et exploiter nos ressources", a affirmé à Sputnik Maïkoul Zodi, militant nigérien, coordinateur local du mouvement TournonsLaPage.
"Les troupes françaises vont continuer à rester au Sahel mais avec un nouveau nom ou bien […] elles seront reversées dans la force multinationale Takuba. On n'attend rien de la sortie annoncée de Macron. La France ne quittera pas le Sahel car elle joue sa survie de puissance au concert des grandes nations", a assuré M.Zodi.
L’interlocuteur de Sputnik a appelé à combattre "ces forces impérialistes et occultes qui endeuillent chaque jour nos populations et pillent nos ressources".
"Logique de guerre d'influence"
Pour le Dr Daouda Kinda, expert malien en sécurité internationale, les propos d’Emmanuel Macron sur la fin de l’opération et une nouvelle stratégie française en Afrique "s'inscrivent dans une logique de guerre d'influence" qui s'est accentuée récemment avec la crise ukrainienne.
"Maintenant, il faudrait d'abord se situer par rapport à ce retrait des forces de l'opération Barkhane, qui a été un échec sur l'ensemble, il faudrait le dire, et ce n’est pas pour dédouaner un peu la responsabilité des armées locales en termes de devoir de sécurisation des territoires. Mais Barkhane a fait beaucoup, beaucoup d'erreurs et des erreurs successives", a fait valoir M.Kinda.
L’une d’entre elles consiste en l’opération trop centralisée sur l'aspect militaire, estime-t-il. "Ils ont oublié l'aspect économique, le développement socioéconomique des zones qui sont touchées par le terrorisme (…). Barkhane était trop focalisée et trop monopolisée par la France. On se souvient que c'est le Président français qui a appelé les Présidents du Sahel pour leur donner des directives", a indiqué l’interlocuteur de Sputnik.
Selon lui, cette politique a été mal perçue par l'opinion publique des pays du Sahel, notamment au Mali.