Des méthaniers patientent pour décharger leur cargaison de GNL en attendant la hausse des prix

Un méthanier (image d'illustration)
Des dizaines de méthaniers patientent depuis des jours au large des côtes espagnoles pour décharger leur cargaison de gaz naturel liquéfié, rapportent les médias. Ils devraient y rester jusqu'à fin novembre, en attendant que les prix du gaz européen augmentent.
Sputnik
Un embouteillage de méthaniers s'est formé dans les eaux européennes depuis plus d’une semaine, dans l’attente de décharger leur cargaison.
Le Wall Street Journal fait état de "dizaines de navires" qui flottent au large des côtes.
La BBC indique pour sa part que sur les 268 méthaniers recensés tout autour du monde au mois d’octobre, 51 se trouvent actuellement à proximité de l’Europe.
Reuters indique cependant, citant des sources de l'industrie, que les navires devraient y rester jusqu'à fin novembre, en attendant que les prix du gaz européen augmentent.
Selon les sources de l’agence, la surabondance de GNL au large des côtes pourrait faire partie d'une stratégie commerciale des fournisseurs, car les navires attendent que les prix augmentent pour décharger.

Une attente pour ne pas faire s’effondrer les prix

Les prix du gaz naturel sont à leur plus bas niveau en Europe depuis juin, après avoir chuté de 28% en une semaine, en partie en raison de températures supérieures à la normale et de niveaux de stocks élevés, car le stockage de gaz de l'UE est désormais rempli à près de 95%, selon Rystad Energy.
"Si un seul navire décharge sa cargaison, le prix s'effondrera immédiatement en affectant les autres cargaisons dans la file d'attente et cet effet domino est très douloureux en termes de coût d'opportunité", a déclaré l'une des sources à Reuters.
"En attendant simplement de livrer en décembre plutôt qu'en novembre, la différence de profit pourrait être de l'ordre de dizaines de millions de dollars par expédition", a déclaré Michelle Wiese Bockmann du journal maritime Lloyd's List à la BBC.
Les pays de l'UE ont massivement acheté du GNL au cours de l'été pour remplir leurs réserves avant l'hiver compte tenu de la réduction des approvisionnements en provenance de Russie.

Un business prometteur pour Moscou

Cette dernière reste cependant en jeu, bien que ses livraisons de gaz par pipeline soient notablement réduites.
Selon le porte-parole de la Commission européenne Tim McPhee, au cours des trois premiers trimestres de 2022, la Russie a livré à l’UE 15 milliards de mètres cubes de GNL.
Signalons à titre de comparaison qu’en 2021 les Européens en avaient acheté 53 milliards, dont 20% avaient été livrés par la Russie.
Ses méthaniers ne sont pas frappés de sanctions. Les exportations russes au mois d’août ont augmenté de 41% par rapport au même mois de 2021. La Russie est ainsi devenue le deuxième fournisseur de GNL à l’UE.
"Il n’y a pas de dépendance du transit. Contrairement au gaz livré par pipeline, les acheteurs ne paient pas le GNL en roubles, mais en monnaies qui leur conviennent. La Baltique et l’Arctique sont plus proches que les États-Unis et le Proche-Orient", explique à Sputnik Mark Goïkhman, expert du centre d’analyse et d’information Tele Trade.
Pour la Russie, ce business devient particulièrement prometteur alors que certains de ses gazoducs sont à l'arrêt.
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