"Paris continue de traiter la République centrafricaine en consommateur"

En RCA, les militaires français "commettent des crimes contre les habitants sans défense", s’insurge auprès de Sputnik Afrique Davy Yannick Andjida du RNSAP. L’association demande de punir les responsables des abus sexuels attribués aux militaires français lors de leur intervention dans le cadre de l’opération Sangaris.
Sputnik
Davy Yannick Andjida, coordonnateur du Réseau national pour la sauvegarde des acquis de la paix (RNSAP) en Centrafrique, a dénoncé auprès de Sputnik Afrique "l’impunité absolue" de "toute présence occidentale en Afrique".

"Malgré le fait que la République centrafricaine ait obtenu son indépendance de la France il y a plus de 60 ans, Paris continue de traiter notre pays en consommateur […]. Et chaque fois que les militaires français mettent le pied sur le sol centrafricain, ils commettent des crimes contre les habitants sans défense qu'ils sont censés protéger", affirme-t-il.

Le RNSAP dénonce "les actes criminels perpétrés par des troupes françaises sur des femmes et des mineurs" pendant l’opération militaire Sangaris qui a eu lieu entre 2013 et 2016.

Mineurs victimes d’abus sexuels

En 2015, alors que la France était en pleine intervention militaire en RCA, baptisée Sangaris, le quotidien britannique The Guardian avait fait état d’une note interne de l’Onu relatant les auditions de six garçons centrafricains de 9 à 13 ans. Ils accusaient des militaires français d’avoir abusé d’eux, entre décembre 2013 et juin 2014, dans le camp de déplacés de l’aéroport M’Poko de Bangui, en échange de rations de nourriture.
Une dizaine de militaires étaient visés. En janvier 2018, la justice française a pourtant prononcé un non-lieu pour les soldats français mis en cause, à défaut d’avoir pu établir leur implication.

"L’impunité absolue"

Fin septembre, le RNSAP a déploré qu’aucun responsable n’ait été puni suite à ces actes.

"De quel droit Paris et diverses organisations internationales parlent-ils de justice si les malheureuses victimes de leurs crimes en Afrique sont simplement oubliées?", interroge Davy Yannick Andjida.

D’après lui, "le principal problème de toute présence occidentale en Afrique est leur impunité absolue". Ainsi, en 2021, le contingent gabonais de l'Onu a été retiré de la RCA en raison d'accusations de crimes à caractère sexuel, rappelle-t-il.
Paris a déployé près de 2.000 soldats dans le cadre de l'opération Sangaris en 2013, pour y faire cesser les violences intercommunautaires suite au coup d'État contre le Président François Bozizé. L’opération a duré jusqu'en 2016.
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