L’opération Guinex II, menée par le Brésil pendant deux mois dans le golfe de Guinée vient de s’achever. Mais derrière les beaux discours sur la coopération africano-brésilienne et la sécurité dans l’Atlantique Sud, c’est bien la France et les États-Unis qui protégeaient leurs intérêts. Paris et Washington coordonnaient en effet l’opération, explique à Sputnik M.Paris Yeros, professeur à l’Université fédérale de l'ABC basée à Santo André, São Paulo.
"Le sens est ambigu, car le Brésil a besoin de sécurité dans l'Atlantique Sud contre la piraterie, le trafic illicite ou d'autres crimes. Mais aussi pour l'exploration gazière et pétrolière pré-salifère. Seulement, il y a une tendance continue à se soumettre au commandement des États-Unis lorsqu'il s'agit de l'Afrique", affirme ainsi le spécialiste du continent africain.
La marine brésilienne a elle-même admis que la France et les États-Unis participaient aux exercices, au même titre que d’autres puissances européennes comme l'Espagne, le Portugal ou le Royaume-Uni. Le Brésil s’était d’ailleurs déjà placé sous le parapluie français et américain lors des opérations Obangame Express et Grand African.
Vente d’armes à l’Afrique
Outre la sécurité de l’Atlantique Sud, l’opération Guinex II aura également servi de vitrine au Brésil, qui cherche à ouvrir l’Afrique à son industrie militaire, en particulier son fleuron Embraer, souligne Paris Yeros. Mais là encore, la tâche s’annonce ardue, la France et les Etats-Unis se taillant pour l’heure la part du lion en matière de vente d’armes.
"Le Brésil essaye de vendre ses équipements militaires, notamment ceux d’Embraer. Mais il a eu peu de succès jusqu’ici, à l'exception d'une commande du Nigeria. Le Brésil peut avoir une influence positive sur le secteur s'il offre, de fait, une alternative aux équipements militaires des États-Unis ou de la France", résume le spécialiste.
La diversification des partenariats dans l'Atlantique Sud est donc cruciale pour toutes les parties, "étant donné l'hégémonie maligne que les États-Unis et la France exercent sur le continent africain", conclut Paris Yeros.