Propos sur les Maghrébins: malgré les excuses de Roger Milla, des internautes ne décolèrent pas

Alors que le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations vient d’être donné, certains n’ont toujours pas digéré les propos de l’ancien footballeur camerounais Roger Milla au sujet des Maghrébins. Malgré ses excuses, des internautes l’accusent de racisme, et l’interpellent au sujet de violences subies par des journalistes algériens.
Sputnik
Il ne se doutait sûrement pas que ses propos prendraient une telle ampleur. Lors d’une interview publiée le 4 janvier dernier par TV5 Monde, la légende du football camerounais Roger Milla s’est laissée aller à un dérapage qui a provoqué une véritable polémique.
Interrogé au sujet de la Coupe d’Afrique des nations qui se tient actuellement au Cameroun, et de la volonté de certains pays de la reporter pour des raisons organisationnelles, l’ancien international a répondu à la journaliste avec virulence:
"Les pays maghrébins, ce sont eux qui mettent toujours le bordel. C'est eux qui mettent toujours le désordre, je suis désolé. Je vais leur dire ceci en tant que frères -que ce soit le Maroc, l’Égypte ou les autres, ce n’est pas normal. S’ils ne sont pas Africains, qu’ils aillent jouer pour l’Europe, pour l’Asie ou bien pour d'autres, mais qu’ils ne viennent pas mettre le bordel sur le continent africain. Ils ont toujours évolué sur le continent africain. Et nous les avons d’ailleurs acceptés, donc je ne vois pas pour quelle raison, aujourd’hui, ils continuent à mal parler des autres pays et de l’Afrique. Ce n’est pas normal!"
Ces propos ont provoqué un tollé, notamment dans la presse et sur les réseaux sociaux, où la twittosphère maghrébine s’est déchaînée en réaction à des déclarations jugées inacceptables.
La sortie de Roger Milla a même fait réagir d’anciens footballeurs marocains, à l’instar de Badou Zaki ou encore Mustapha El Haddaoui, qui lui a sèchement répondu:
"Il faut que tu saches, et tout le monde le sait, le Maroc a joué un rôle important pour la nomination de Issa Hayatou [de nationalité camerounaise] à la tête de la Confédération Africaine de Football (CAF) chez nous à Casablanca pendant la CAN de 1988. Et pour parler de vous [Roger Milla], tu étais toujours le bienvenu chez nous, c’est normal, un grand joueur. Mais là, tu l’as joué petit bras puisque tu t’attaques à notre Royaume, à notre intégrité avec des mensonges des propos calomnieux qui n’ont pas de sens. (…) Le Maroc a joué son rôle, celui d’un pays africain, comme le vôtre (…) Le Maroc a organisé une mini-CAN (…) avec une grande réussite et sans fanfare, il a fait son devoir de pays africain (…) Peut-être que certains te poussent à dire des conneries comme ça (…) tu perds la raison, mon frère".
Conscient de la mauvaise vague provoquée par ses propos, l’ex-international camerounais s’est rapidement excusé sur les ondes de la radio marocaine, Radio Mars, dimanche 9 janvier. Il a alors justifié ses intentions "fraternelles" envers ses voisins, expliquant que ses propos n’étaient pas contre le Maroc ni contre la Fédération Royale Marocaine de Football.
"Les Marocaines et les Marocains sont mes sœurs et frères. Il ne faut pas oublier que je suis toujours au Maroc. Je ne pensais pas qu’il y allait avoir une polémique et je ne voulais pas qu’il y en ait une. J’ai tout simplement dit que nous sommes tous des pays d’Afrique et que si un pays organise une CAN, le Maroc devait le soutenir. C’est tout. Je tiens à m’excuser si les gens ont mal compris, mais en aucun cas je ne peux critiquer un pays d’Afrique."
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Pas sûr toutefois que cela suffise à apaiser la colère de certains internautes maghrébins qui l’accusent de "racisme", et lui demandent même de réagir après que trois journalistes algériens ont été violemment agressés à l’arme blanche, à Douala.

Racisme ou maladresse?

En effet, certains internautes n’ont pas hésité à interpréter les propos de cet ancien joueur de 69 ans comme une manifestation d’un racisme anti-maghrébin. D’autres justifient cette sortie par une maladresse ou par l’âge de l’ancien joueur qui aurait tout simplement réagi à chaud. Pour le sociologue marocain Brahim Labari, il s’agirait plutôt d’une sorte de nationalisme "mal placé". "C’est du chauvinisme qui confine à la sottise. Il n'a pas bien pesé ses mots et c'est cela qui arrive quand on réagit à chaud". Il préfère alors écarter la thèse du "racisme", qui selon lui n’est que la manifestation de "préjugés", nourris par un manque "d’effort d’aller vers l’Autre".
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Déjà reportée, l’organisation de la CAN n’a pas échappé aux perturbations dues à la crise sanitaire qui a menacé son déroulement, ni non plus aux réticences de certains clubs européens de laisser leurs joueurs rejoindre les sélections africaines. Des rapports de presse ont fait état d'une réticence exprimée par certaines fédérations africaines, dont l'Égypte et le Maroc, quant à l'état de préparation du Cameroun, s'exprimant en faveur d'un nouveau report de cette édition, déjà repoussée d'un an en raison de la pandémie. L'organisation de ce rendez-vous sportif vient clore un long chapitre d'incertitudes puisque ce pays d'Afrique centrale était censé accueillir la compétition dès 2019, avant de se désister en faveur de l'Égypte, vu que les infrastructures nécessaires n'étaient pas achevées.
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