Covid-19/Omicron: barricadé, le Maroc se prépare à une vague "importante"

Après avoir déployé d’importantes mesures pour lutter contre l’apparition d’une nouvelle vague, le Maroc, à son tour, fait face à un début de détérioration de la situation sanitaire et à la propagation du variant Omicron. Pour le spécialiste Tayeb Hamdi, tout porte à croire que ce sera une vague "importante".
Sputnik
Fermeture des frontières, instauration du pass vaccinal à l’entrée des administrations… Ces mesures n’auront visiblement pas suffi à protéger le Maroc de ce qui ressemble à un début de quatrième vague épidémique, ni de l’apparition du variant Omicron. À son tour, le pays fait face à une hausse de cas, après une accalmie de près de trois mois. Le bilan quotidien dépasse depuis quelques jours les 1.000 contaminations, et a même atteint les 2.034 nouvelles infections -majoritairement dues au variant Delta- et 5 décès, annoncés le 31 décembre. Les principaux foyers se concentrent dans la région de Casablanca-Settat et dans l’agglomération de Rabat. Le variant Omicron, quant à lui, a touché au moins 76 personnes au 30 décembre.
Au Maroc, des Français "abattus" par la fermeture des frontières
Contacté par Sputnik, Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, confirme que le Maroc est en présence d’une hausse de cas. Il explique que le taux de positivité, qui était il y a quelques semaines à moins de 1%, est maintenant de 11%. "Sur 100 analyses, 11 sont positives. C’est une nouvelle vague que nous entamons et tous les indicateurs laissent croire que ce sera une vague importante. Par ailleurs, la saison hivernale favorise la propagation du virus, cumulée au non-respect des gestes barrières, au ralentissement de la vaccination, à l’apparition d’Omicron…".
Le médecin interrogé par Sputnik prévoit une hausse du taux de positivité qui devrait atteindre 30% dans trois ou quatre semaines, avec un taux de remplissage des lits en réanimation qui pourrait devenir "record" fin janvier ou début février. "Le taux de remplissage des lits de réanimation qui est pour le moment bas (2,6%) risque de s’aggraver dans les semaines à venir."
Autre indicateur inquiétant selon lui, "c’est la vitesse à laquelle ces cas se propagent. Les chiffres du bilan quotidien ne sont pas très importants puisque nous faisons autour de 18.000 tests par jour, contre plus d’un million pour certains pays comme la France… Ce n’est pas assez. Si on faisait plus de tests, on au détecterait plus de cas".

De nouvelles mesures restrictives

Face à cette recrudescence, le ministère de la Santé et de la protection sociale a déployé de nouvelles mesures pour tenter de riposter contre cette hausse de cas, notamment en cette période de fin d’année. Dans un communiqué relayé par l’agence de presse MAP le 20 décembre, le gouvernement a annoncé: "toutes les célébrations du Nouvel An, les soirées et programmes spéciaux dans les hôtels, restaurants et établissements touristiques sont interdites. Les cafés et les restaurants doivent fermer à 23h30 et un couvre-feu nocturne sera instauré de 00h00 à 06h00.". De plus, le délai d’éligibilité pour la dose de rappel (3e dose) a été ramené de 6 à 4 mois.
Maroc: le gouvernement allège les restrictions et met fin au couvre-feu
Omicron, bientôt dominant
Au 30 décembre, 76 cas du variant Omicron ont été signalés. Considéré comme étant cinq fois plus contagieux, mais moins létal que le variant Delta par le ministre de la Santé, il devrait bientôt devenir dominant au Maroc comme c’est le cas dans plusieurs autres pays.
La première détection d’Omicron au Maroc, le 15 décembre, sur une Casablancaise de 30 ans qui n’avait pas voyagé, avait suscité beaucoup d’interrogations en raison de la fermeture des frontières fin novembre. Lors des premières recherches, le ministère de la Santé n’avait pas écarté la probabilité d’une mutation autochtone. À ce sujet, le Dr Tayeb Hamdi explique que: "L’enquête épidémiologique n’a pas permis de remonter au patient 0. On ne sait toujours pas comment cette dame a attrapé le virus. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit bien du variant Omicron, qui est sud-africain. Il a donc été importé, puisqu’il est très difficile sur le plan scientifique d’avoir deux variants avec un nombre aussi important de mutation à deux endroits différents.".
Pour rappel, le Maroc avait annoncé la fermeture de ses frontières fin novembre pour se protéger du nouveau variant, une mesure prolongée jusqu’à fin janvier. Il a également annoncé la fin des rapatriementsdes Marocains bloqués à l’étranger le 23 décembre après l’apparition du premier cas Omicron.
Discuter