En effet, à en croire le Wall Street Journal, citant le 6 décembre des rapports secrets des services de renseignement américains,
la Chine envisage d'établir sa première base militaire permanente sur l’océan Atlantique, précisément en Guinée équatoriale. Si ce projet est concrétisé, il sera installé à Bata, qui dispose déjà d'un port commercial en eau profonde construit par la Chine sur le golfe de Guinée
. Il s’agirait après Djibouti, de la deuxième base militaire de l’Empire du Milieu sur le continent africain.
Cependant, le choix de Pékin d’installer cette base sur la côte Atlantique africaine, considérée comme la chasse gardée américaine, est vu d’un mauvais œil par Washington. Selon le Wall Street Journal, l’inquiétude principale des Américains ici, c’est que "les navires de guerre chinois puissent à terme se réarmer et se rééquiper en face de la côte est des États-Unis. Une menace qui déclenche l'alarme à la Maison-Blanche et au Pentagone". Pour des analystes comme Hippolyte Éric Djounguep, il faut aller plus loin: "le gigantesque projet chinois des nouvelles routes de la soie, lancer pour remodeler le contexte géopolitique, en faisant de la Chine un acteur majeur de la mondialisation en marche, pèse de plus en plus comme une menace pour les États-Unis".
Une ambition qui fait perdre le sommeil à Washington et dans la foulée, les deux grandes puissances tentent chacune de leur côté, de manœuvrer en sa faveur. D’ailleurs en octobre dernier, Malabo a constitué l'une des étapes du
déplacement africain de John Finer, le conseiller principal adjoint à la sécurité nationale américaine. Si officiellement il y était pour aborder avec le Président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema des questions liées à la sécurité maritime et à la pandémie, pour le Wall Street Journal, il était question sous cape de pousser Malabo à rejeter l’offre de Pékin.
Comme une contre-offensive, une semaine après cette tournée de John Finer,
le Président chinois Xi Jinping a lors d'une conversation téléphonique avec le président de la Guinée équatoriale, réitéré son soutien vis-à-vis de Malabo
"dans la sauvegarde de sa souveraineté nationale et promet de fournir le meilleur soutien possible pour son développement économique".Si les relations bilatérales entre Malabo et Pékin se sont bien développées ces dernières années dans plusieurs domaines infrastructurels comme sanitaire, il reste que Washington demeure un partenaire stratégique de la Guinée équatoriale notamment, dans la sécurisation maritime. Cependant, souligne Hippolyte Éric Djounguep, dans "la logique de la diversification de ses partenaires bilatéraux et stratégiques ", Malabo peut trouver bénéfique de s’ouvrir à d’autres horizons, surtout que "les relations entre les deux pays se sont un peu crispées à cause du refus de Washington de voir se perpétuer une dynastie Obiang au pouvoir. Une question qui n’est pas inscrite à l’ordre du jour dans ses rapports avec la Chine".
Depuis que la Guinée équatoriale est devenue un Eldorado pétrolier, la petite contrée autrefois ignorée est très souvent sous le feu des projecteurs, et convoitée depuis les quatre coins du monde. Au-delà de sa manne pétrolière, son ouverture sur le golfe de Guinée lui octroie une position stratégique dans la bataille des grandes puissances pour le contrôle de la région.