Guinée équatoriale: les affaires d’Obiang fils ont-elles freiné le passage de flambeau présidentiel?

Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 42 ans au pouvoir, devrait être désigné par son parti candidat à un nouveau mandat à la tête de la Guinée équatoriale en vue de la présidentielle de 2023. Si nombre d’observateurs présageaient une candidature de son fils, l’actuel vice-Président, ses démêlés judiciaires auraient freiné la transmission du pouvoir.
Sputnik
À 79 ans, dont 42 ans de pouvoir, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Président de la Guinée équatoriale, détient, hors monarchies, le record mondial de longévité d'un chef d'État encore vivant à la tête d'un pays. Et pourtant, le dirigeant de cet eldorado pétrolier au cœur de l’Afrique centrale, et réputé être parmi les pays les moins démocratiques du monde, n’a pas l’intention de quitter les affaires de sitôt.
"La Guinée équatoriale a toujours fonctionné depuis l'arrivée au pouvoir par coup d'État de Teodoro Obiang Nguema en 1979, comme un califat politique. Le Président Obiang Nguema Mbazogo a fini par installer dans l'esprit de ses compatriotes qu'il est l'homme providentiel choisi des dieux pour les conduire ad vitam aeternam. À travers une main de fer, il a pu réduire les nids de résistance les plus farouches à leur plus simple expression. Les vrais opposants vivent reclus aujourd'hui entre l'Espagne et la France et ceux qui ont présenté quelques velléités de résistance en Guinée équatoriale ont été muselés",constate au micro de Sputnik le Dr David Eboutou, spécialiste en histoire des relations internationales et analyste des questions sous régionales.
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Alors que sa formation politique, le Parti démocratique de la Guinée équatoriale (PDGE), désigne ce 23 novembre son candidat à la présidentielle de 2023 à l’issue de son 7econgrès, Teodoro Obiang Nguema est fortement pressenti pour être réinvesti et aller à la conquête d’un sixième septennat. Si l’on en croit une récente déclaration à l’AFP, d’Agustin Nze Nfumu, l'un des cinq vice-présidents du PDGE, Teodoro Obiang est encore "l’homme de la situation", et "il continuera à l’être; le président-fondateur a beaucoup d’expériences".

Le passage du flambeau présidentiel ajourné

Et pourtant l’inamovible Obiang, qui a pris le pouvoir par un coup d'État en 1979 et qui dirige le pays d'une main de fer, est annoncé très en retrait de la scène politique depuis quelques mois au profit de son fils Teodorin Obiang, 53 ans et actuel vice-Président. Une surexposition de ce dernier qui avait laissé croire à un passage imminent de témoin de père en fils. Mais pour David Eboutou, celui qui est ouvertement présenté depuis plusieurs années comme le dauphin de son père paie le prix de ses démêlés judiciaires.
"S'il est vrai que le Président Obiang Nguema s'attèle à donner une posture et une stature d'homme d'État à son fils Teodorin Obiang à travers les hautes fonctions qu'il lui a fait occuper jusque-là au sein de l'appareil gouvernant équato-guinéen, il n'en demeure pas moins vrai qu'il s'inquiète et s'interroge sérieusement sur la capacité de ce dernier à assumer les hautes charges de l'État. Les récentes actualités sur la condamnation à trois ans de prison avec sursis en France du fait de ses fantasmes matérialistes sans oublier sa forte propension à la jouissance et aux mondanités ne rassurent pas son père. Ce dernier préfère donc volontiers se relancer dans la course dans l'espoir de laisser le temps de mieux façonner le fils héritier et de lui donner une meilleure image sur la scène internationale",argue l’analyste.
En effet, le 28 juillet dernier, le golden boy de Malabo a été définitivement condamné par la justice française à trois ans de prison avec sursis, 30 millions d'euros d'amende et la confiscation de tous ses biens saisis pour "blanchiment d'abus de biens sociaux, […] détournement de fonds publics et […] abus de confiance" entre 1997 et 2011.
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Quelques jours avant, le 23 juillet, il avait été sanctionné par Londres notamment pour avoir "détourné de l'argent public sur son compte en banque personnel" et pour avoir "sollicité des pots-de-vin". Le tout puissant fils du Président Obiang Nguema aurait consacré plus de 500 millions de dollars à l'acquisition de résidences de luxe à travers le monde, d'un jet privé, de voitures et d'objets de collection.

Corruption et autoritarisme

Les sanctions prises contre Teodorin Obiang, a précisé Londres, sont inscrites dans le cadre d'un régime de sanctions anticorruption et prévoient un gel des avoirs et l’interdiction d'entrée au Royaume-Uni. Des évènements successifs, qui de l’avis de nombreux observateurs sont de nature à "affecter l’image" du vice-Président.
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Depuis que la Guinée équatoriale est devenue un eldorado pétrolier, la petite contrée autrefois ignorée est très souvent sous le feu des projecteurs, et convoitée depuis les quatre coins du monde. Si le pays broie du noir depuis peu, en raison de la chute en 2014 du cours des hydrocarbures dont il dépend à 90%, les scandales de corruption et de détournement de fonds publics y sont légion. Concernant la corruption, les indicateurs y sont au rouge. Dans le classement 2020 de l'ONG Transparency International, la Guinée équatoriale se retrouve à la 174e place sur 180. Le pays est également classé parmi les plus autoritaires du monde. Dans son rapport 2020 sur l’état de la démocratie dans le monde, The Economist Intelligence Unit (EUI), think tankbritannique, classe le pays 160e sur 167 États.
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