Au Maroc, des chercheurs font une découverte "majeure" de plus de 150.000 ans

Nouvelle trouvaille au Maroc, plus précisément dans la grotte de Bizmoune, près de la ville balnéaire d’Essaouira, où les plus anciens objets de parure au monde ont été découverts par une équipe de chercheurs. Détails.
Sputnik
Une importante découverte archéologique, issue de la grotte de Bizmoune, a été dévoilée jeudi 18 novembre, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au site historique de Chellah, en présence du ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, Mehdi Bensaid, le conseiller du roi et président-fondateur de l’Association Essaouira Mogador, André Azoulay, ainsi que plusieurs chercheurs.
La découverte concerne une trentaine de coquilles marines issues d’une mer située à une cinquantaine de kilomètres de la grotte. Ces objets fabriqués à partir de coquille de Tritia gibbosula ont été "perforées et ocrées par l’utilisation d’une substance rouge riche en oxyde de fer", a affirmé lors de la cérémonie Abdeljalil Bouzouggar, professeur d’archéologie préhistorique à l’Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP) et directeur de l’équipe scientifique ayant mené la recherche. La particularité de ces objets est qu’ils dateraient de plus de 150.000 ans et représenteraient ainsi la plus vieille parure jamais découverte au monde.
L’autre particularité de cette découverte est qu’elle révèle, pour la première fois, des objets qui n’ont pas été portés uniquement à des fins d’embellissement, mais également pour transmettre des messages. "La signification de ces coquilles était porteuse de messages et probablement de codes, qui ont grandement contribué à la mise en place d’une certaine organisation sociale, communication, entre les membres du groupe ou bien d’autres groupes dans des endroits géographiques plus lointains", affirme le chercheur de l’INSAP à Sputnik.
Poids de 2t: une prise "exceptionnelle" au large des côtes marocaines

Un "paradis pour les archéologues"

Cette découverte prouverait alors "la place du royaume en tant que carrefour des civilisations", a plaidé le ministre lors de la cérémonie. Abdeljalil Bouzouggar précise à ce titre que les dernières découvertes archéologiques débouchent sur des publications dans des revues scientifiques internationales "très prestigieuses", seulement après examen de leur véracité par des commissions spécialisées. Des résultats sur lesquels on pourrait donc s’appuyer et dire que "le Maroc a joué un rôle important dans l’Histoire de l’humanité".
Ces découvertes "majeures" feraient par ailleurs du pays un "paradis pour les archéologues et les géologues". Il y a quelques mois, des chercheurs annonçaient la découverte de l’acheuléen le plus ancien d’Afrique du Nord datant de 1,3 million d’années dans la périphérie de Casablanca. L’an dernier, des chercheurs tombaient sur des fossiles de dinosaure à bec de canard, vieux de 66 millions d’années. En 2017, c’était "l’un des plus anciens Homo sapiens du monde" datant d’environ 315.000 ans qui a été découvert dans le Djebel Irhoud, à quelques kilomètres de Marrakech, par l’équipe du chercheur français Jean-Jacques Hublin.

Pour une économie de la culture

Au-delà de la découverte et de l’âge, le chercheur interrogé par Sputnik souhaiterait voir l’intégration de ces découvertes, "à forte valeur ajoutée pour le patrimoine marocain", dans l’économie de la culture. Elles devraient, selon lui, être prises en considération dans les industries culturelles. "Une telle découverte doit être génératrice d’emploi et de revenus pour la population locale et nationale, car beaucoup de touristes sont à la recherche d’un tourisme culturel de qualité, et la région d’Essaouira est le meilleur exemple pour une telle activité", a-t-il conclu.
Discuter