Achat de terres agricoles par Bill Gates: "un investissement car les gens devront toujours manger"

Bill Gates
Où nous conduirait l’innovation alimentaire? Technologie, stratégie, biologie, écologie, intérêts financiers, Pierre Raffard, expert en géopolitique de l’alimentation, décrypte notre avenir nutritionnel au micro de Rachel Marsden.
Sputnik
Les médias occidentaux publient régulièrement des articles sur les façons dont nous pourrions nous nourrir à l’avenir.
Ainsi, en février dernier, le magazine Time, dans un dossier traçant les pistes d’évolution de nos sociétés à l’horizon 2030, a souligné que de manger des insectes était bon à la fois pour notre santé et la planète. "Pourquoi les humains ne mangent-ils pas plus d’insectes?", se demandait l’auteur de l’enquête.
Une boisson (image d'illustration)
Véganisme en France: ce nouveau mode de vie, pas au goût de tout le monde, qui prend de l’ampleur
Pierre Raffard, codirecteur du Food 2.0 Lab à Paris, auteur du livre Géopolitique de l’alimentation et de la gastronomie (Éditions Le Cavalier bleu), évoque à ce sujet la start-up française Ÿnsect (spécialisée dans l’élevage d’insectes à destination alimentaire) qui est une de celles qui ont fait la plus grosse levée de fonds ces dernières années en France.
"Ce n’est pas très nouveau, les protéines animales traditionnelles vont être remplacées par les protéines animales à base d’insectes. Mais il y a une donnée culturelle et je ne pense pas que le consommateur occidental soit prêt à consommer des insectes."
Mais alors même que nous sommes priés de trouver séduisante la consommation d’insectes, Bill Gates, fondateur de Microsoft, continue d’acheter des terres agricoles dont il est l’un des plus grands propriétaires aux États-Unis. Cela veut-il dire que le bœuf et les denrées cultivées naturellement risquent de devenir un luxe?
"Ce qui est mis en avant par la Fondation Bill et Melinda Gates, c’est que l’acquisition de terres va permettre de créer toutes sortes de laboratoires agricoles sur lesquels on va pouvoir tester de nouvelles semences, techniques culturales en faveur d’une protection de la planète. Ça, c’est la vitrine proposée par la fondation.
Ensuite, quand on en regarde le fonctionnement, on se rend finalement compte qu’il y a une sorte de stratégie d’investissement dans un secteur économique porteur qui est l’alimentation et l’agriculture parce que, quel que soit le contexte, les gens devront toujours manger."
Quand on voit les laboratoires et les centres de R&D des entreprises agroalimentaires, tout semble s’orienter vers une révolution dans nos assiettes. Mais il faudrait peut-être aussi se demander si ce "Meilleur des mondes" alimentaire ne risque pas de mener à des conflits ou à des guerres.
"On a en effet une guerre économique qui ne dit pas son nom entre d’un côté des start-up qui tentent à marche forcée de créer des viandes soit végétales soit cellulaires, et de l’autre côté on a des filières, des éleveurs, des consommateurs, des bouchers –tous les acteurs des filières de la viande– qui essaient de trouver des solutions pour apporter des réponses aux critiques qui leur sont formulées."
Discuter