La rupture des relations Algérie-Maroc accentue l’engrenage des alliances: Rabat choisit-il Israël et l’Occident?

Les risques de conflit entre Rabat et Alger sont faibles. Pourtant, la rupture des relations diplomatiques entre les deux voisins fait craindre au géopolitologue algérien Yahia Zoubir un dangereux alignement stratégique. D’un côté, le Maroc, Israël et l’Occident et de l’autre, l’Algérie, la Russie et la Chine. Explications.
Sputnik
Le torchon brûle entre les frères ennemis marocains et algériens. Et c’est toute la région qui pourrait pâtir de la décision d’Alger de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat. À l’origine de la crise, le soutien marocain aux séparatistes algériens du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).
 
Soutien marocain aux séparatistes kabyles: le début d’une dangereuse escalade entre Alger et Rabat?

Coopération régionale, première victime de la brouille Alger-Rabat

La situation pourrait rapidement s’envenimer dans le Sahara occidental, où les deux pays se livrent depuis des décennies à un bras de fer par procuration:
«S’il y a une coalition israélo-marocaine au Sahara occidental, les Algériens vont évidemment fournir un armement conséquent au Front Polisario» qui combat le Maroc, explique le chercheur au micro de Sputnik.
Un bras de fer qui toucherait par ricochet les puissances voisines. La question du soutien israélien à Rabat est ici centrale, analyse Yahia Zoubir. La politique de Tel-Aviv serait la principale source des préoccupations d’Alger. Ce dernier craint en effet qu’une alliance consolidée entre Tel-Aviv et Rabat ne menace l’équilibre géostratégique régional. L’internationalisation du conflit latent entre les deux puissances maghrébines menace.

Réalignements stratégiques

Ainsi, le Maroc se rapprocherait-il naturellement des États-Unis, et plus largement de l’Occident à travers son nouveau partenariat avec Israël. De l’autre côté, l’Algérie entretient de longue date de fécondes relations avec la Chine et plus encore, avec la Russie, en particulier sur la question des ventes d’armes. En effet, la Russie est aujourd’hui le premier fournisseur d’armes d’Alger, qui en 2018, avait acquis «la moitié des armes russes» exportées vers l’Afrique.
Chef d’État-major algérien en Russie: entre Alger et Moscou, des liens toujours plus solides
De surcroît, les relations entre Alger et Téhéran s’approfondissent: l’Algérie est en effet l’une des rares nations arabes qui soient prêtes à coopérer avec la République islamique d’Iran.
À Casablanca le 12 août, Yaïr Lapid, ministre israélien des Affaires étrangères, avait exprimé ses inquiétudes «au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine» (UA). Furieux, le ministre des Affaires étrangères algériennes Ramtane Lamamra a fustigé ce 23 août «des accusations insensées et des menaces à peine voilées.»
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