Les deux derniers drames se sont déroulés à la fin du mois de mai 2021. Dans le dernier en date, dimanche 30 mai, au moins sept artisans miniers (des villageois qui recourent à la recherche artisanale des matières précieuses) sont morts ensevelis dans des tunnels, alors qu’ils étaient à la recherche d’or dans la localité minière de Kambele, dans la région de l’Est du Cameroun. Selon des témoignages des autorités locales contactées par Sputnik, ils ont été pris au piège à la suite d’un éboulement de terrain, le retour des pluies ayant fragilisé la terre.
L’incivisme des exploitants
En effet, outre l’exploitation semi-mécanisée pratiquée par des entreprises étrangères, les civils ont développé une exploitation secondaire. Ils écument les lacs et autres cratères laissés par les exploitants industriels dans l’espoir de retrouver quelques pépites d’or. Une activité dangereuse qui fait de nombreuses victimes chaque année. Entre janvier et avril 2021, l’ONG Forêt et développement rural (Foder), qui mène des études dans la localité, a dénombré 14 décès d’artisans miniers dans les champs miniers de la région de l’Est du Cameroun. Depuis 2014, cette organisation a dénombré exactement 157 morts (jusqu’en avril 2021) dans les sites miniers: «On note parmi les victimes 69 artisans miniers et 38 enfants dont 17 sont âgés de 0 à huit ans». À l’origine de ces décès selon Foder, «24 éboulements de terre, 12 noyades dans les lacs artificiels formés par les trous béants».
«Les accidents se multiplient, sans pour autant entraîner une modification des pratiques des compagnies actives dans ce secteur. Cette situation résulte de la combinaison de quelques dispositions inefficaces du code minier (notamment sur l’implication des communes, communautés et citoyens dans le suivi des opérations des compagnies), et des faiblesses du dispositif de contrôle et de sanction des compagnies par l’État», déplore cet ami de la nature.
Un laisser-aller qui entraîne bien des dommages puisqu'au-delà du bilan humain, l’environnement en pâtit avec des conséquences inévitables sur la biodiversité.
«Cette activité affecte parfois le lit de fleuves et rivières sur lesquels elle se déploie, et les déchets de l’exploitation polluent ces eaux, notamment le mercure qui cause de nombreux dégâts, dans l’indifférence générale. Les bénéfices financiers générés par l’exploitation de l’or sont gardés par les compagnies, tandis que les citoyens doivent souffrir des désagréments causés par l’activité», poursuit Samuel Nguiffo.
Les autorités camerounaises ont pourtant déjà frappé du poing sur la table. En 2020, le ministre des Mines, Gabriel Dodo Ndocké, a publié une liste de sociétés auxquelles il donnait 60 jours, à compter du 1er avril 2020, pour restaurer les sites déjà exploités, sous peine de retrait de leur permis. Un ultimatum qui est, selon toute évidence, tombé dans l’oreille de sourds. La région de l’Est du Cameroun est réputée riche en matières précieuses, notamment en or et en diamants. Cependant, malgré la présence de quelques compagnies minières étrangères, la plus grande partie de ces ressources ne suit pas toujours les circuits formels.