Si l’information a été médiatisée à la mi-février, les faits remontent à trois semaines plus tôt, au 28 janvier dernier. Un stock de sept kilogrammes de lingots d’or, évalué à près de 140 millions de francs CFA (257.000 dollars) a été saisi à Garoua-Boulai, dans la région frontalière de l’Est Cameroun. La cargaison non déclarée était transportée, apprend-on dans un communiqué de la douane, par un voyageur chinois en provenance de la République centrafricaine (RCA), en proie à une violente crise sécuritaire. Les lingots d’or étaient dissimulés dans ses bagages.
RCA-Cameroun, plaque tournante du trafic?
Ce n’est pas la première fois, ces dernières années, qu’une telle saisie est effectuée dans le pays. En novembre 2020, plus de 250 lingots d’or ont été interceptés au cours d’une opération menée dans la région du Centre. Le métal précieux, entreposé dans une dizaine de valises, devait prendre la direction de Dubaï. Deux ressortissants canadiens avaient été interpellés lors de cette opération. En 2019, un butin de 20 kg d’or estimé à 1,5 milliard de francs CFA (2,7 millions de dollars) en provenance de l’Est a été intercepté à l’aéroport international de Douala. Ses détenteurs s’apprêtaient à prendre la destination de la Chine et des Émirats arabes unis.
«On peut mettre la forte densité du trafic d’or dans la région de l’Est sur le compte de la porosité de la frontière terrestre Cameroun-RCA. Cette récurrence des saisies de matières précieuses montre qu’il existe un vaste réseau bien huilé. Sur le plan national d’abord, mais le circuit d’approvisionnement pourraient aussi s’étendre au pays voisin. Il revient aux autorités locales de tout mettre en œuvre pour le démanteler», explique l’analyste à Sputnik.
Déjà en 2016, à la veille d’une mission d’évaluation du Processus de Kimberly (initiative internationale mise en place en 2003 pour lutter contre le commerce illicite des diamants dans les zones de conflit) au Cameroun, un rapport publié par Partenariat Afrique Canada (PAC, un mécanisme de financement soutenu par des ONG canadiennes et africaines) présentait déjà le Cameroun comme une plaque tournante des exportations des diamants de guerre centrafricains.
Les cargaisons de métaux précieux qui passent par les aéroports et les villes du pays risquent d’avoir encore de beaux jours devant eux, estiment nombre d’observateurs. D’autant que les circuits d’approvisionnement en RCA prospèrent à l’aune du conflit qui secoue ce pays depuis 2013, à la suite de la chute de François Bozizé.