Une bénévole espagnole subit un torrent d’insultes pour avoir réconforté un migrant à Ceuta - vidéo

Un cliché viral montrant une étreinte entre une bénévole de la Croix-Rouge et un migrant à Ceuta a engendré de nombreuses insultes sur les réseaux sociaux. Interrogée sur la chaîne espagnole RTVE, la jeune femme se dit bouleversée par ces réactions.
Sputnik

Lundi 17 mai, sur fond de tensions entre le Maroc et l’Espagne, 8.000 migrants traversaient illégalement la frontière pour se rendre à Ceuta, enclave espagnole nord-africaine. C’est là que Luna Reyes, 20 ans et bénévole à la Croix-Rouge, a pris un migrant sénégalais dans ses bras. Une photo et une vidéo de cet instant sont rapidement devenues virales sur les réseaux sociaux.

«Il pleurait, j'ai tendu la main et il m'a serrée dans ses bras. Il s'est accroché à moi. Cette étreinte a été sa bouée de sauvetage», raconte Luna auprès de la chaîne de télévision espagnole RTVE.

Depuis cette brève rencontre, elle n’a pas revu le subsaharien, et craint qu’il ait été renvoyé de l’autre côté de la frontière.

«Il m'a parlé en français et compté avec les doigts de sa main. Je n'ai rien compris, mais je suis convaincue qu'il faisait la liste des amis qu'il a perdus en cours de route», ajoute-t-elle. Souhaitant faire carrière dans le social, elle se trouvait à Ceuta depuis le mois de mars pour effectuer son stage auprès de la Croix-Rouge espagnole.

Harcèlement

Devenue célèbre en quelques heures, la jeune femme a reçu de nombreux messages de soutien, mais aussi des insultes et des menaces. 24 heures après la publication du cliché sur les réseaux sociaux, elle a été contrainte de passer tous ses comptes en mode privé.

«Sur les réseaux, ils ont vu que mon petit ami est noir, ils n'arrêtent pas de m'insulter et de me dire des choses horribles avec des commentaires racistes», témoigne-t-elle auprès du média.

L’annonce de son harcèlement en ligne a déclenché une nouvelle vague de soutiens, principalement via le hashtag #GraciasLuna sur les réseaux sociaux, et repris par des personnalités politiques espagnoles ainsi que par Jagan Chapagain, secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge.

Crise migratoire

La vague de migrants, en majorité des Marocains, qui a soudainement submergé la frontière espagnole lundi 17 mai, est le résultat d’un relâchement des contrôles frontaliers côté marocain, lui-même conséquence d’une crise diplomatique entre Rabat et Madrid. Les tensions se sont exacerbées en avril dernier lorsque l’Espagne a accueilli Brahim Ghali pour se faire hospitaliser. Il s’agit du leader sahraoui du Front Polisario, ennemi historique du Maroc pour le contrôle du Sahara occidental.

Ainsi, l’Espagne accuse le Maroc d’utiliser ce flux de migrants comme un moyen de pression, sachant que les enclaves de Ceuta et Melilla sont les seules frontières terrestres de l’Union européenne sur le continent africain. Sur les quelque 8.000 migrants qui sont arrivés à Ceuta, plus de 6.000 ont déjà été expulsés vers le Maroc.

En début de semaine, ce mouvement migratoire majeur avait également engendré une autre image virale, celle d’un membre de la Guardia Civil espagnole récupérant un bébé en mer, lequel a pu être sauvé. D’après les autorités espagnoles, deux migrants ont perdu la vie en se noyant pendant la traversée.

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