La situation sanitaire en Tunisie s’est particulièrement aggravée durant le mois d’avril. Le pays a connu une nette augmentation des cas de Covid-19. Jeudi 29 avril 2021, 1.902 nouveaux cas ont été enregistrés et 78 personnes sont décédées. Depuis le début de la pandémie en mars 2020, 10.641 personnes ont perdu la vie en Tunisie. L’augmentation du nombre de cas a provoqué une très forte pression sur les structures hospitalières, notamment les services de réanimation. Face à l’afflux des malades, les hôpitaux se sont retrouvés en manque d’oxygène médicinal liquide, élément essentiel dans la prise en charge de ces patients.
Suivi présidentiel
En Tunisie, la production d’oxygène médicinal est assurée par deux sociétés: la française Air Liquide et l’allemande Linde Gas, la première disposant de structures plus importantes. Mais ces opérateurs n’ont pu faire face à la forte demande provoquée par cette nouvelle vague de Covid-19 qui a frappé le pays. Le recours à l’importation est devenue une priorité. Air Liquide a ramené de l’oxygène de France en quantité et Linde Gas s’est approvisionné en Italie. Mais les délais de transport ont été particulièrement handicapants dans ce contexte d’urgence. D’où le recours au marché algérien. Linde Gas s’est donc tournée vers Calgaz, une société privée algérienne de production de gaz industriels. Jeudi 29 avril, 81.000 litres d’oxygène médicinal liquide ont été livrés à la Tunisie via le poste frontalier de Bouchebka (650 km à l’est d’Alger). Radja Benabdeslam, directrice de l’administration générale de Calgaz explique à Sputnik que cette opération a été «supervisée et coordonnée par les plus hautes autorités du pays».
«Les chefs d’État algérien et tunisien ont suivi personnellement cette opération. Le Président de la République Abdelmadjid Tebboune a fait en sorte que l’oxygène médicinal soit livré dans les plus brefs délais en Tunisie. Nous avons mis en place un dispositif spécial à partir de nos unités de production de Ouargla et Laghouat afin de transporter des volumes d’oxygène vers le poste frontalier de Bouchebka. Les opérations vont se poursuivre ces prochaines semaines», assure Radja Benabdeslam.
Petite bouffée d’air
Radja Benabdeslam précise que Calgaz a toujours répondu présent pour mener des opérations humanitaires depuis le début de la pandémie de Covid-19. «En 2020, nous avons livré gratuitement plus d’un million de litres d’oxygène dans tous les hôpitaux d’Algérie». Elle assure qu’avec une production quotidienne de 110 tonnes d’oxygène médicinal, Calgaz a les capacités d’approvisionner les marchés algérien et tunisien.
«Il faudrait un convoi par jour pour faire face à la situation d’urgence. L’Algérie reste la solution la plus fiable et la plus rapide d’autant plus que les unités de production d’oxygène sont relativement proches des frontières tunisiennes. Les autorités algériennes peuvent jouer un rôle majeur dans cette phase critique en ouvrant un corridor d’urgence pour permettre à l’oxygène de passer plus rapidement», explique notre source qui a requis l’anonymat.