«On voudrait que vous rentriez chez vous, donc on crée la Convention.»
Si la militante et figure des Gilets jaunes Priscillia Ludosky ironise, le constat reste pourtant amer. Selon elle, il n’y a aucun doute: la mise en place de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) n’était qu’une réponse politique d’Emmanuel Macron afin de mettre «simplement fin aux Gilets jaunes».
«C’était simplement l’engagement d’un Président dans une lettre de mission à reprendre les propositions sans filtre, mais il y a eu des filtres. Emmanuel Macron n’était pas dans l’optique de la co-construction ou encore de respecter les accords de Paris», affirme Priscillia Ludosky, qui a aussi suivi les travaux de la Convention en tant que «reporter citoyen».
La co-auteur de «Ensemble, nous demandons justice– pour en finir avec les violences environnementales» (Éd. Florent Massot), rappelle que la décision d’élaborer ce dispositif découle du collectif gilets citoyens, issus des mouvements sociaux pour le climat et des Gilets jaunes.
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Pour ces militants, il s’agit de tenter de mettre la pression sur les parlementaires afin qu’ils reprennent l’intégralité des propositions émanant de la Convention. En effet, après avoir travaillé d’octobre 2019 à juin 2020, les 150 membres tirés au sort ont proposé 149 mesures dont l’objectif affiché est de lutter contre le réchauffement climatique en réduisant de «40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030 dans un esprit de justice sociale.»
Un projet de loi «pas à la hauteur»
Des recommandations dont semble avoir fait fi le gouvernement, si l’on en juge la note de 3,3/10 donnée par la CCC sur la «reprise sans filtre» des mesures, lors de la clôture de cet exercice de démocratie participative au début du mois mars. Pis, le texte final a obtenu une moyenne de 2,5/10. Un désaveu cinglant, donc.
«C’est un plan de société qui a été proposé et non pas des mesures à prendre de manière individuelle en fonction de ce qui arrange l’exécutif», souligne Priscillia Ludosky. Elle estime donc que «cet élan de solidarité est nécessaire», car la loi issue des travaux de la CCC «n’est pas à la hauteur». Néanmoins, elle craint que ces rassemblements ne soient qu’un coup d’épée dans l’eau.
«C’est bien qu’il y ait ces mobilisations. Cependant, est-ce que les parlementaires oseront dire que cette loi n’est pas assez ambitieuse, donc on introduit plus de choses? Je n’y crois pas. De plus, je ne pense pas que le gouvernement nous entendra», regrette la militante.
Autant d’éléments qui font dire à la militante qu’il est dorénavant primordial d’avoir une «vraie représentation citoyenne au sein des institutions.»
«Quand on a le nez dans les lois, on est un peu déconnecté de la société […] Il faut mettre en place des mécanismes qui permettent que les préoccupations réelles des citoyens soient prises en compte. Aujourd’hui, le problème est qu’il n’y a pas de lien entre les travaux que l’on fait et l’implémentation des mesures», conclut Priscillia Ludosky.