Le premier live de BFM TV sur Twitch n’est pas passé inaperçu. Ce 3 mars, Margaux de Frouville, la journaliste santé de la chaîne, a animé un nouveau format de questions-réponses, évidemment autour du Covid-19. Une retransmission suivie en direct par 22.000 spectateurs, qui ont pu participer à l’émission grâce au tchat de la plateforme.
Un défi pour la chaîne et la journaliste. D’ailleurs, Margaux de Frouville a été la cible de remarques et d’insultes sexistes en tout genre. En effet, certains n’ont pas vu d’un bon œil l’arrivée de la chaîne d’info sur le site.
Le mode de fonctionnement de ce service de streaming bouleverse les habitudes journalistiques. Devenu «streamer», le présentateur livre ses commentaires en direct, jusque-là aucune nouveauté, mais, surtout, il interagit avec le spectateur qui peut également participer au live via le tchat. Cette petite révolution permettrait donc au passage «de toucher une autre communauté», explique le responsable de la cellule au site Neon. Eh oui, les 18-35 ans raffolent de la filiale d’Amazon!
Il faut dire que les médias sont contraints d’évoluer. Les études confirment ce qu’ils pressentaient en voyant leur audience fondre comme neige au soleil. Plus de doute en effet: la façon dont l’information est consommée diffère selon les tranches d’âge:
Les générations se divisent en quatre catégories. La génération Z (16-23 ans), la générationY ou les milléniaux (24-37 ans), la génération X (38-56 ans) et enfin les boomers (57-64 ans). En tant que moyen d’information, la télé est délaissée par les jeunes, seuls 24% de la génération Z et 35% des milléniaux la regardent encore, contre 45% de la génération X et 42% des boomers.
Plus de doute: les vidéos en ligne et la télévision sur Internet sont les moyens de s’informer les plus prisés des nouvelles générations. Après Le Figaro et BFM TV, d’autres médias devraient se lancer dans l’aventure Twitch. Et ce alors que les audiences de la presse s’avèrent pour le moment assez faibles sur ce canal.
Les politiques à l’assaut de Twitch
La plateforme a été officiellement lancée en 2011. Amazon l’a rachetée en 2014 pour 735 millions d’euros. La clé de son succès? Les lives de jeux vidéo. Twitch a fait apparaître de nouveaux visages. Et a profité de la crise sanitaire, tant la consommation de contenu Internet a explosé. La demande créant l’offre, de nombreux utilisateurs se sont lancés sur le site.
Y sont présents des humoristes, des blogueurs, des sportifs et même des journalistes, à l’instar de Samuel Étienne, qui rassemble près de 80.000 spectateurs chaque jour pour ses revues de presse en direct de chez lui. Jean-Luc Mélenchon compte aussi parmi les politiques présents… On n’est guère surpris de voir l’adepte du meeting par hologramme à la pointe de l’avant-garde.
À un an des élections présidentielles, l’exécutif ne compte pas se laisser distancer. Reste à savoir si son approche est la bonne. Lancée sur Twitch le 24 février, l’émission Sans filtre de Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a été saluée par une volée de sarcasmes. Six influenceurs et youtubeurs beauté ont été invités pour parler de la détresse étudiante à l’Élysée. Plusieurs internautes n’ont pas apprécié l’exercice. Déchaînés, ils ont qualifié les invités de privilégiés. Ce qui se conçoit dans un contexte de crise sanitaire qui voit des étudiants faire la queue à la soupe populaire.
Twitch est un terrain à conquérir pour les médias et les politiques donc. Mais un terrain glissant. Car, sur la plateforme, les trolls défendent leur territoire. Margaux de Frouville en sait désormais quelque chose.