Le chef de l’assemblée tunisienne s’exprime sur l’accord Maroc-Israël et appelle les pays du Maghreb à «l’unité»

«Nous avons été choqués par le choix du Maroc de normaliser ses relations avec Israël», a déclaré le président du Parlement tunisien, Rached Ghannouchi, à Assabah, invitant tous les pays du Maghreb à «l’unité». Alors qu’un premier projet de loi incriminant la normalisation avec Israël avait échoué en 2018, que décideront cette fois-ci les députés?
Sputnik

Dans un entretien accordé au journal Assabah, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) tunisienne, Rached Ghannouchi, s’est exprimé sur l’accord de normalisation des relations conclu par le Maroc avec Israël, sous les auspices des États-Unis. Il a appelé à cet effet au renforcement des relations entre les pays du Maghreb et à l’apaisement des tensions.

«Nous avons été choqués par le choix du Maroc de normaliser ses relations avec Israël», a affirmé M.Ghannouchi, également chef du parti islamiste au pouvoir Ennahdha, issu du mouvement des Frères musulmans*.

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 Le 10 décembre, en annonçant la conclusion d’un accord de paix entre le royaume chérifien et l’État hébreu, Donald Trump a également signé une déclaration reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Il aurait également promis des investissements à hauteur de trois milliards de dollars dans le pays et la vente de quatre drones de type MQ-9B Skyguardian.

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Lors d’un entretien accordé à France 24 à l’occasion de sa visite officielle à Paris, le chef du gouvernement tunisien, Hichem Mechichi, a écarté toute possibilité de normalisation des relations entre la Tunisie et Israël, tout en affirmant respecter la position souveraine du Maroc. Ainsi, Tunis s’accorde avec Alger sur cette question d’accord de paix.

Par ailleurs, des sources gouvernementales israéliennes ont indiqué au site d’information hébreu Ynet que la Mauritanie était sur la même voie que celle du royaume chérifien, ce qui diviserait le Maghreb en deux camps opposés.

Dans ce contexte, le président de l’ARP a souligné: «Nous jugeons que ce sera plus judicieux à présent de travailler sur la consolidation des relations fraternelles entre les pays du Maghreb arabe qui souffrent encore de l’échec du projet de l’unité maghrébine». «Notre région a plutôt besoin des réconciliations historiques et de la complémentarité entre les peuples et pays du Maghreb arabe et non pas d’attiser davantage les conflits».

Quid de la normalisation des relations entre la Turquie et Israël?

Le mouvement Ennahdha qui a également dénoncé les accords de normalisation entre Israël et les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Soudan, accusant ces pays arabes de violer les droits fondamentaux du peuple palestinien, ne dit pratiquement rien des relations stratégiques qu’entretient Ankara avec l’État hébreu, depuis leur rétablissement en 2016 sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan.

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Riadh Sidaoui, spécialiste en sciences et études politiques et président du Centre arabe de recherches et d'analyses politiques et sociales de Genève, a expliqué dans une intervention sur YouTube cette ambivalence dans les positions par le fait que «le double langage était le sport préféré de tous les mouvements politiques issus des Frères musulmans*».

Selon lui, «il n’y a qu’à regarder la politique de Recep Tayyip Erdogan, considéré comme le leader mondial des Frères musulmans*, qui crie sur tous les toits son soutien à la cause palestinienne tout en maintenant des relations économiques et stratégiques avec Israël et l’Otan». «Il y a également l’exemple du mouvement Ennahdha en Tunisie et son président Rached Ghannouchi, un proche d’Erdogan, qui ont bloqué au Parlement un projet de loi criminalisant la normalisation des relations avec Israël [en février 2018, suite à la décision de Trump de transférer l'ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem-Est, ndlr]».

Un autre projet de loi incriminant la normalisation des relations avec Israël a été présenté mardi 15 décembre à l’Assemblée des représentants du peuple en Tunisie, rapporte l’agence Tunis Arabe Presse (TAP). Le projet qui a notamment été déposé par les 38 députés du bloc démocratique sera discuté dans les prochains jours.

*Organisation terroriste interdite en Russie

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