Dans la commune de Melloussa, près de Tanger (nord du Maroc), un prédicateur de la mosquée du douar Zemmij est tombé de son piédestal de respectable fquih (maître d’école coranique) de ce lieu de culte à celui de pédocriminel présumé. Le désespoir des parents qui lui confiaient leurs petits était à son comble quand il a été arrêté le 20 septembre. Il est accusé «d’attentat à la pudeur avec violence» sur six enfants. L’onde de choc a fait suite à une salve de critiques, voire d’insultes, sur les réseaux sociaux. L’une des rares voix discordantes était celle de Hassan El Kettani. Ce cheikh marocain de la mouvance salafiste a publié sur son compte Facebook une série de messages qui ont intensifié la colère des pourfendeurs du violeur d’enfants présumé.
Le fondateur de la Rabita [ligue] des oulémas du Maghreb arabe (organisation regroupant principalement des prédicateurs salafistes d’obédience wahhabite de la région) a encore plus choqué quand il a assimilé les graves actes pédocriminels, dont est accusé le fquih quadragénaire tangérois, à une simple «fornication».
«Selon la charia (loi islamique), l’accusation de zina (adultère ou fornication) ne peut être établie que sur la base de quatre témoignages qui concordent, ou par aveu. Point final. Toute autre assertion relève de la diffamation, dont l’auteur mérite 80 coups de fouets, le but étant de protéger l’intégrité et la propreté de notre société», écrit El Kettani sur son mur Facebook.
Aussitôt publié, ce post largement partagé sur Facebook a provoqué un tollé. De nombreux internautes ont été scandalisés par les propos de l’islamiste polémiste. Tous ont dénoncé «sa volonté de décrédibiliser la parole des victimes et de minimiser les pratiques pénalement condamnables de son collègue». Or, lui fait-on observer, l’accusé a avoué ses crimes, selon les premiers éléments de l’enquête. Exaspérés, certains commentateurs lui rappellent, en vain, que «les temps ont évolué», que «les victimes dans cette affaire ne sont que des enfants», ou encore que le «viol et la fornication sont à ne pas confondre».
«Si l'on suit votre raisonnement, chaque enfant violé doit apporter quatre témoins pour prouver qu’il est victime. Sinon, il doit recevoir 80 coups de fouets», s’insurge un internaute.