Envolée russe pour le compositeur belgo-canadien Rick Allison sur les traces de ses origines. Exclusif

Un voyage en Russie pour le ramener à ses origines. Le compositeur belgo-canadien Rick Allison s’est livré à Sputnik sur son expérience. Après un parcours marqué par des collaborations internationales avec Lara Fabian, Johnny Hallyday, Walter Afanassieff ou encore Ennio Moriconne, il se tourne désormais vers la scène russe.
Sputnik

En Russie, il faut «passer l’hiver» et «gagner la confiance» de ceux que vous rencontrez. Mais une fois que c’est fait, «la dimension est extraordinaire», confie au micro de Sputnik Rick Allison, compositeur et producteur belgo-canadien de «Je t’aime» et «Adagio», qui s'est rendu en Russie, pays de ses origines, pour un projet d'exception. Cette nouvelle aventure, fruit de longs mois de travail, a donné naissance à des collaborations avec des artistes russes, dont les chanteuse Nargiz, finaliste de La Voix (édition russe), et Diana Gurtskaya, ainsi que le producteur et compositeur de renom Victor Drobysh.

«Creuser» dans ses origines russes

Né d’un père dont les parents Moscovites ont immigré en Belgique entre la Première et la Seconde Guerre mondiale, et d’une mère irlandaise, Rick Allison a toujours ressenti ce mélange de cultures sans pour autant pouvoir l’expliquer:

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«Ça a été comme une évidence. Ça a probablement créé un trait artistique sur la façon dont les chansons ont atteint le public à travers les carrières de Lara [Fabian], Johnny Hallyday, Ginette Reno et bien d’autres artistes francophones».

Une spécificité qui l’a poussé à se demander jusqu’où il pouvait «creuser», puisqu’il ne l’avait jamais explorée, travaillant successivement au Canada, aux États-Unis et en France.

Sa première visite en Russie en 2012 sur l’invitation de Diana Gurtskaya a entrouvert la porte de ses origines grâce à une rencontre «surréaliste» avec des musiciens russes pendant laquelle il s’est retrouvé dans «une autre époque de sa vie qu’il n’avait pas connue». Une expérience si intense qu’il s’est senti «assommé».

Et il aura fallu du temps pour que cette «aventure russe» mûrisse. Entre ses projets avec le célèbre acteur français Alain Delon ou le compositeur italien Ennio Morricone réputé pour ses musiques de film, et une pause voulue, Rick Allison a continué à écouter de la musique classique et contemporaine russe pour «trouver le chemin».

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Jusqu’au jour où, après avoir présenté la version française de la chanson «Eto zdorovo» («C'est génial») du chanteur russe de renom Nikolay Noskov qui l’avait marqué, il entre en contact avec l’auteur des paroles, Igor Brusentsev. Ce sera un tournant. En mars 2020, Rick arrive à Moscou avec douze morceaux spécialement créés pour des collaborations russes.

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La parenthèse imposée par la pandémie permettra au compositeur de rester en Russie bien plus longtemps que prévu, soit presque cinq mois au lieu de la quinzaine de jours initiale; une occasion rêvée pour perfectionner le répertoire.

«Est-ce que tu passeras l’hiver?»

Mais pour réussir à nouer des contacts en Russie, il lui aura fallu appréhender certaines spécificités de la mentalité russe et «gagner la confiance» de certaines personnes. De plus, aucun compositeur, européen et canadien, n’avait jusqu’ici collaboré avec des chanteurs russes. Rick Allison s’est pour ainsi dire retrouvé dans le rôle de pionnier.

«À Los Angeles, tout fonctionne avec de l’argent. […] Ici, ça n’a aucun prix. Tu [ne] viens pas en annonçant des choses. C’est humain. C’est comment les gens te perçoivent, comment ils te ressentent.»

Le musicien estime que «la dose de cynisme et d’humour que tu peux avoir» compte aussi beaucoup. Et en Russie, parfois, il faut affronter des «choses très brutes et très choquantes»:

«Souvent, tu es provoqué», confie-t-il. «Il y a une expression qui dit: "Est-ce que tu passeras l’hiver?" Cela peut durer cinq minutes comme six mois, peu importe. Mais tout le monde dit: "Ça ne sera pas simple"».

Cependant, selon le compositeur, une fois que cette barrière est franchie, «la dimension est extraordinaire».

«En Russie, ça tient le coup, c’est solide. Pour moi, c’est plus riche, c’est parce qu’il y a une volatilité dans les rapports nord-américains […]. Los Angeles, New York… et même Paris, c’est très futile».

Rencontres «fantasmagoriques»

Après des dizaines de rencontres professionnelles «fantasmagoriques», Rick Allison aspire à de nouvelles collaborations, dont avec Victor Drobysh, compositeur et producteur russe de renom. Vœux exaucé puisqu’elle aura lieu peu après l’arrivée de Rick à Moscou.

«Pour Victor, l’intégrité, c’est très important. Tu le sens à chaque fois que tu parles avec lui. Parce que c’est quelqu’un de solide, parce qu’il veut que ce soit clair, ancré dans le sol, que ça [ne] bouge pas. Ça, c’est pour des années».

Par le biais de M.Drobysh, Rick a rencontré la chanteuse russe Nargiz, pour laquelle il a écrit et produit la chanson «Lubit» (Aimer). Le parolier russe Igor Brusentsev y a également participé.

Ce morceau prend tout son sens grâce à la musique d’Allison dont la couleur est caractéristique de la Russie. Elle s’associe à merveille avec le texte de Brusentsev et la voix puissante de Nargiz.

«Nargiz est une interprète absolument insensée. C’est aussi une personne incroyable», souligne Rick Allison en attendant la sortie prochaine du single. Il envisage également d’autres collaborations russes, comme avec Polina Gagarina, participante à l’Eurovision 2015.

La chanson «Lubit» (Aimer)

Il est actuellement en studio avec Diana Gurtskaya et a commencé de nouvelles chansons avec l’illustre auteur russe Ilya Reznik qu'il admire depuis toujours. Ce dernier dit de Rick Allison: «Je suis heureux de cette rencontre, sa musique me fascine, elle est intense et spirituelle».

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Futurs projets

«Il y a des rêves que tu n'oses pas, parce que si tu les racontes à quelqu’un, on va se moquer de toi. Les gens te disent "Ce n'est pas un rêve, c'est une utopie".»

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Cependant, certains de ses rêves se sont déjà réalisés, en témoigne son départ au Canada dans les années 1990 avec Lara Fabian, véritable star en Russie, mais aussi collaborer avec son idole Steve Lukather, guitariste américain qui l’a guidé au tout début de sa carrière. Aujourd’hui, il travaille sur des comédies musicales, dont une pour Broadway, ou encore une possible collaboration avec la vedette de variété russe Alla Pougatcheva.

Avec un parcours aussi riche en rencontres, que ce soit musicalement ou humainement, Rick Allison a du mal à en choisir et préfère ponctuer qu’elles ont toutes été importantes.

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