Le gouvernement marocain a mis au défi Amnesty International de présenter officiellement les preuves de ses accusations contenues dans son rapport du 22 juin. Ce dernier faisait état de l’utilisation par les services de renseignement du royaume chérifien du logiciel Pegasus, développé par l’entreprise israélienne NSO Group Technologies, pour espionner le journaliste Omar Radi et d’autres activistes des droits de l’Homme. À ce jour, l’ONG n’a pas encore répondu à la requête du chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani.
«Aucune preuve formelle de l’utilisation de ce logiciel»
«Si le rapport affirme que Pegasus est commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group Technologies [à des clients étatiques, ndlr], il n’apporte aucune preuve formelle de l’utilisation de ce logiciel par les autorités marocaines pour espionner le téléphone du journaliste [Omar Radi, ndlr]», a déclaré l’avocat.
Et d’expliquer que «les arguments avancés se résument à des noms de domaines trouvés dans l’historique du téléphone suspecté, mais ne prouvent en aucun cas un lien avec les autorités marocaines ou les services de renseignement». Ces allégations «peuvent facilement être réfutées par des experts en sécurité informatique».
Sputnik produit ci-dessous les deux bulletins en question que Me Al Ajouti lui a fait parvenir.
Selon l’avocat, ceci «implique que ces tentatives d’intrusion, si elles ont bien eu lieu, sont la conséquence de la négligence de ces usagers qui ont ignoré les alertes publiées par le gouvernement leur demandant d’être vigilants, ce qui prouve la bonne foi des autorités marocaines».
«Cette ONG défend les droits de l’Homme à géométrie variable»
Pour expliquer les dessous politico-économiques qui ont motivé le rapport d’Amnesty International contre le Maroc, l’avocat a indiqué que Facebook, qui a été mis en cause par plusieurs rapports dans des affaires d’espionnage de ses utilisateurs, se livre à une guerre «à couteaux tirés» avec des géants israéliens de l’informatique. Selon lui, l’ONG est partie prenante de cette guerre d’intérêts.
Et d’ajouter que dans son rapport intitulé «Google et Facebook, les géants de la surveillance», Amnesty International a pris soin de prendre l’avis des deux sociétés visées et d’inclure leurs commentaires et remarques. «Dans le cas du rapport visant le Maroc, le gouvernement n’a pas pu défendre sa position ni produire ses conclusions pour les inclure au document final», a-t-il dénoncé.
Le même double discours peut être décelé, selon lui, dans le scandale de Wikileaks impliquant les États-Unis et le Royaume-Uni. «Amnesty International a choisi de faire une campagne pour demander la grâce à Edward Snowden au lieu d’attaquer les pays qui pilotaient ces opérations d’espionnages».
«Mais pourquoi Amnesty International a entraîné le Maroc dans cette guerre»?
Pour répondre à cette question, il a indiqué que lors d’un procès opposant Facebook à NSO Groups Technologies, cette société avait présenté des documents «attestant que la firme américaine avait demandé d’acheter sa solution pour surveiller les internautes». «Ce que NSO Group Technologies a refusé», a-t-il précisé.
Ainsi, «Amnesty International avait attaqué le groupe NSO devant les tribunaux israéliens pour faire annuler sa licence d’exportation, dont l’ONG vient d’être déboutée par le tribunal de Tel Aviv pour absence de preuves», a-t-il rappelé.
La stratégie «machiavélique» d’Amnesty International consistant à entraîner «le Maroc dans ce labyrinthe d’intérêts», en l’utilisant «pour attaquer Israël et les intérêts du groupe NSO est juste écœurante», a affirmé le juriste, dénonçant le fait que l’ONG «a cette fâcheuse habitude de prendre en otage des pays dans des opérations lâches d’extorsion».
Les autorités marocaines pourraient intenter une action en justice
Par ailleurs, il a expliqué que le droit anglais tenait également compte de «l'impression que la diffamation est susceptible de faire sur les personnes qui la lisent». «Or, les accusations d’espionnage publiés par Amnesty et reprises par un consortium de journaux ont porté préjudice à l’image du Maroc», a-t-il déclaré, soutenant qu’«au-delà de la compensation financière, gagner ce procès permettra à la fois de discréditer cette ONG et ses rapports et revaloriser l’image de notre pays vis-à-vis de l’opinion internationale».