L’Algérie répond aux allégations de détournement de l’aide humanitaire de l’UE destinée aux réfugiés sahraouis

L’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles a affirmé dans un texte publié sur le site de la représentation diplomatique que les allégations d’une certaine presse marocaine concernant un prétendu détournement de l’aide de l’Union européenne étaient fausses. À ce propos, il a exposé les arguments de responsables européens sur le sujet.
Sputnik

L’ambassadeur d’Alger à Bruxelles, Amar Belani, a réagi, via une note publiée sur le site officiel de l’ambassade, aux informations rapportées la semaine passée par certains titres de la presse marocaine, dont «l’agence officielle Maghreb Arabe Presse (MAP)», faisant état d’un détournement par le Front Polisario et l’Algérie de l’aide humanitaire accordée chaque année par l’Union européenne aux réfugiés sahraouis dans les cinq camps de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie. Le diplomate a catégoriquement réfuté ces informations, dénonçant «une campagne de désinformation enragée». S’appuyant sur des rapports officiels de quatre responsables de la Commission européenne proches du dossier, M.Belani a répondu point par point aux accusations proférées contre son pays, tout en évoquant la question du recensement des réfugiés sahraouis souvent avancée par les autorités marocaines.

«L’agence de presse marocaine et ses relais médiatiques satellites mènent, depuis quelques semaines, une campagne de désinformation enragée visant à faire accroire à l’opinion publique que l’aide humanitaire accordée par l’Union européenne aux réfugiés sahraouis est détournée par le Front Polisario et notre pays», a écrit le diplomate.

«Les accusations de détournement sont injustes»

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Amar Belani a expliqué que les allégations de détournement de l’aide humanitaire de l’UE remontent à mars 2015, date de publication du rapport de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) établi en 2007.

À cet effet, il a rappelé les déclarations de l’ex-commissaire européenne chargée du budget, Kristalina Georgieva, qui a affirmé le 24 mars 2015 lors d’un débat sur ce sujet au Parlement européen que «les accusations de détournement de l’aide humanitaire de l’Union européenne destinée aux camps des réfugiés sahraouis à Tindouf sont injustes». En janvier 2016, la même responsable a indiqué que la Commission européenne «a effectué 24 missions de suivi et de contrôle durant l’année 2015 dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf […] afin d’assurer l’utilisation la plus efficace des financements de l’UE».

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Par ailleurs, il a évoqué les propos de l’ex-commissaire européen à l’Aide humanitaire et à la réaction aux crises, Christos Stylianidis, soulignant que «l’aide humanitaire de la Commission n’est ni fournie ni contrôlée par une quelconque autorité politique [le Front Polisario et l’Algérie, ndlr]».

Dans le même sens, M.Belani a indiqué qu’en 2015, l’ex-directeur général de l’Aide humanitaire et de la protection, Claus Sorensen, avait réfuté les conclusions du rapport de l’OLAF de 2007, soulignant qu’il a été classé sans suite par les autorités européennes, à l’issue d’un audit interne.

Enfin, le diplomate algérien a rapporté les récentes déclarations du commissaire européen à la Gestion des crises, Januz Lenarcic, qui a affirmé en réponse à une question d’une eurodéputée du Rassemblement national (RN) que «pour le détournement de l’aide humanitaire, je veux vous assurer que nous avons de fortes garanties sur place». «Nous avons élaboré des mesures de contrôle et de surveillance pour garantir que l’aide de l’UE ne soit pas détournée», a-t-il ajouté.

À propos du recensement des réfugiés

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Concernant cette question souvent avancée par les autorités marocaines, Amar Belani a affirmé qu’un recensement a déjà été établi en 2018 par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). En effet, le HCR avait publié un rapport sous le titre «Réfugiés sahraouis à Tindouf, Algérie: population totale dans les camps», dont la principale conclusion était que «le nouveau chiffrage de la population s’établit à 173.600 réfugiés sahraouis dans les cinq camps de Tindouf, au 31 décembre 2017». «Sur la base de ces chiffres, le taux différentiel entre les estimations de 2007 et les nouveaux chiffres du HCR représente une progression de presque 40%», a-t-il estimé.

Par ailleurs, M.Belani a précisé que «la mise en œuvre de ce volet relatif au recensement n’a de sens que dans le cadre de la convocation effective d’un référendum […] visant à permettre au peuple du Sahara occidental d’exercer son droit légitime […] à l’autodétermination».

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