Face à ses «conséquences catastrophiques», l’Assemblée de Corse veut l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage

L’Assemblée de Corse a adopté à l’unanimité une motion demandant l’abrogation de la réforme de l’assurance chômage. Elle la juge néfaste pour les demandeurs d’emploi de l’île, fortement pénalisés par l’absence d’activité touristique depuis plus de trois mois Jean-Guy Talamoni, son président, livre ses inquiétudes au micro de Sputnik.
Sputnik

L’opposition à la réforme de l’assurance chômage monte d’un cran.

Après les semaines d’action des différents corps de métier, le 30 juin, l’Assemblée de Corse a adopté à l’unanimité une motion réclamant l’abrogation du décret du 26 juillet 2019, en raison des lourdes conséquences qu’il entraînerait sur les salariés insulaires, privés d’emploi par la crise sanitaire.

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Dès l’entrée en vigueur de certaines dispositions de la réforme, le 1er novembre dernier, elles avaient suscité une très forte inquiétude en Corse, notamment pour les saisonniers. Aujourd’hui, la crise du Covid-19 aidant (empêchant, en l’occurrence), la situation est devenue urgente et Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, déplore au micro de Sputnik les «conséquences catastrophiques en Corse, davantage qu’ailleurs, compte tenu de la situation sociale très défavorable» dans l’île de beauté.

«Les conséquences seront plus graves qu’ailleurs, insiste Jean-Guy Talamoni. C’est pour cette raison que l’Assemblée de Corse a demandé que le décret soit abrogé. Nous allons faire suive la motion adoptée par l’Assemblée auprès des députés et parlementaires corses et au gouvernement. Cela ne veut pas dire que le gouvernement va y accéder, mais la demande, formulée de manière claire, est transmise.»

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Avec le durcissement des conditions d’indemnisation, il faudra travailler davantage pour toucher des allocations chômage. En plus de l’inquiétude générale des syndicats, qui estiment que la réforme risque d’engendrer beaucoup plus de précarité, le secteur touristique est particulièrement menacé.

«On s’attend à des vagues des licenciements dans un pays à l’économie extrêmement faible et largement fondée sur le tourisme, qui représente 25% du PIB de façon directe, jusqu’à 50% du PIB en comptant les métiers qui y sont liés indirectement», souligne Jean-Guy Talamoni.

Le président nationaliste de l’Assemblée de Corse rappelle que «les politiques corses ont longuement fait du tourisme le moteur essentiel, parfois même le seul moteur de l’économie de l’île». Il n’est pas facile de renverser la vapeur, puisque, comme le souligne M. Talamoni, «la Corse a besoin de l’activité touristique»: elle a accueilli en 2017 près de 2,6 millions de touristes, essentiellement durant la période estivale.

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L’Assemblée de Corse jongle en permanence entre les nécessités contradictoires de protéger ses sites naturels fragiles (pour laquelle elle a déposé une motion de protection), d’assurer la sécurité sanitaire et de maintenir à flot l’économie de l’île.

L’objectif pour la majorité nationaliste corse est bien de sauver –au moins partiellement– cette saison touristique 2020, «dans laquelle on a pris beaucoup de retard». Il s’agit pour les élus de «trouver un équilibre –qui doit diriger les différentes politiques en matière touristique– entre les précautions sanitaires et le besoin de tourisme.»

«On a peur que certaines entreprises corses ne puissent pas faire face à leurs coûts variables et fixes. Notre grande préoccupation, c’est de voir nombre d’entreprises corses devoir déposer le bilan dans quelques semaines. Ça ressemble plus à une “année noire” qu’une “année blanche”», conclut Jean-Guy Talamoni.
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