Un épidémiologiste s’exprime sur le silence de l’administration de Wuhan pendant la flambée de Covid-19

Les autorités de la ville chinoise de Wuhan, considérée comme le berceau du Covid-19, ont initialement été réticentes à diffuser les informations sur l’ampleur de l'épidémie, mais plus tard elles ont commencé à dire la vérité, selon Zhong Nanshan, épidémiologiste et pneumologue chinois, cité par la chaîne de télévision CNN.
Sputnik

L’administration de Wuhan, la ville chinoise où les premiers cas de Covid-19 ont été recensés en 2019, ne se pressait d’abord pas à diffuser les détails clés sur la portée de cette flambée de coronavirus, a annoncé l’épidémiologiste et pneumologue chinois Zhong Nanshan, dans une interview à la chaîne de télévision CNN.

«À l’époque, les autorités locales ne voulaient pas dire la vérité. Au tout début [de l’épidémie, ndlr], elles gardaient le silence, et puis j'ai dit que nous avions probablement [un plus grand] nombre de personnes infectées», a indiqué Zhong Nanshan, célèbre pour avoir lutté contre l'épidémie de Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), provoqué par un autre coronavirus, en 2003.

Le 20 janvier, deux jours après son arrivée à Wuhan, Zhong Nanshan a publiquement confirmé à la chaîne chinoise CCTV que le nouveau coronavirus était transmissible de l’humain à l’humain, alors que les autorités locales affirmaient depuis des semaines que rien ne l’attestait et qualifiaient la flambée de l’infection d’«évitable et sous contrôle», rappelle CNN.

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Selon l'épidémiologiste, il a eu des soupçons après que le bilan officiel est resté au niveau de 41 personnes infectées pendant 10 jours à Wuhan, alors qu’il y avait déjà des informations sur des cas à l'étranger. Les autorités locales ont finalement dévoilé «à contrecœur» le bilan réel: au 20 janvier, il y avait 198 cas de Covid-19 à Wuhan, dont trois décès, précise CNN. De plus, 13 agents de santé avaient attrapé cette maladie.

Le bilan chinois actuel présente les chiffres réels

Bien que Zhong Nanshan reconnaisse que les autorités ont sous-estimé le nombre de cas au stade initial de l'épidémie, il rejette les accusations selon lesquelles les statistiques officielles chinoises sur le Covid-19 ne sont pas fiables comme l’affirme Donald Trump.

Les autorités chinoises ont tiré une leçon de l'épidémie de SRAS d’il y a 17 ans, lorsque Pékin avait gardé le silence pendant deux ou trois mois, a noté le pneumologue de 83 ans.

Selon lui, fin janvier, le gouvernement central a exigé que toutes les villes et les services gouvernementaux signalent le nombre réel de cas, sous peine de sanctions.

«Donc depuis... le 23 janvier, je pense que toutes les données... seront correctes», a estimé M.Zhong.

Le virus est d’origine naturelle

Le scientifique chinois a également rejeté la théorie de Donald Trump et du secrétaire d'État américain Mike Pompeo selon laquelle le coronavirus avait été fabriqué dans un laboratoire de Wuhan.

Le fonctionnement du laboratoire de Wuhan détaillé par un virologue
Il a cité les mots de la virologue Shi Zhengli de l'Institut de virologie de Wuhan, qui avait qualifié cette théorie de «complètement ridicule», car son laboratoire n'avait pas les ressources humaines et l'équipement nécessaires pour créer un virus artificiel.

Zhong Nanshan affirme également que les autorités médicales chinoises ont mené une enquête début février dans le laboratoire de Wuhan où travaille Shi Zhengli et n'ont trouvé aucune preuve d'une «fuite» du virus, selon CNN.

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