Bien que de nombreux scientifiques aient écarté la possibilité d’une conception artificielle du nouveau coronavirus, la théorie selon laquelle il se serait accidentellement retrouvé hors du laboratoire continue de circuler, Donald Trump affirmant disposer de preuves concrètes.
Le South China Morning Post publie dans ce contexte un article où un responsable du laboratoire de Wuhan évoque le fonctionnement de ce dernier et, plus précisément, du National Biosafety Laboratory de Wuhan, dit laboratoire P4 pour niveau quatre (le niveau de biosécurité le plus élevé), qui est autorisé à effectuer des recherches sur les agents pathogènes les plus dangereux, tels qu’Ebola, le virus de Lassa ou encore de la fièvre hémorragique de Crimée-Congo.
«Nous avons adopté une série de mesures pour veiller à ce qu'aucun virus ne puisse quitter notre laboratoire», a déclaré Yuan Zhiming, directeur du laboratoire de Wuhan.
Il a indiqué que l’établissement avait instauré un système de gestion strict, y compris via des procédures bien établies de manipulation des déchets et des matières infectieuses. Tous les chercheurs travaillant en laboratoire passent des bilans médicaux annuels de santé physique et psychologique.
Les vêtements de protection du personnel sont désinfectés puis lavés. Toujours selon le responsable, le laboratoire utilise une technologie de pression négative afin que l'air dans les locaux ne puisse pas se retrouver à l'extérieur et y propager des agents pathogènes mortels. L'air circulant à l’intérieur des locaux est filtré deux fois avant d'être rejeté et les eaux usées passent par des systèmes de traitement à haute température. Les autres déchets contaminés sont traités sous hautes température et pression, avant d’être recyclés par des entreprises spécialisées autorisées à les manipuler.
Yuan Zhiming a ajouté que les équipements du laboratoire étaient soumis à une inspection annuelle effectuée par des institutions tierces.
Origine naturelle ou anthropique?
Après avoir accusé la Chine d'avoir dissimulé l'émergence et la propagation du nouveau coronavirus, Washington déclare disposer de «preuves» selon lesquelles celui-ci proviendrait du laboratoire de Wuhan. Donald Trump a même menacé Pékin de «taxes douanières punitives». Son secrétaire d’État, Mike Pompeo, a d’ailleurs directement accusé la Chine, «connue pour infecter le monde».
Pourtant, le magazine Valeurs actuelles a questionné à ce sujet des agents du renseignement français. Selon ces derniers, les autorités françaises «ont la conviction depuis plusieurs semaines que le virus n’est ni issu d’une manipulation, ni d’une fuite, ni même d’une action volontaire». L’un des spécialistes au sein des services français a affirmé avoir «l’absolue certitude que ce n’est pas une fuite du laboratoire P4».
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié de «spéculatives» les déclarations des dirigeants américains.