Les revenus de l’Algérie pourraient chuter de 50% à 85% en 2020 si la crise persiste, préviennent l’OPEP et l’AIE

En cas de pérennisation de la crise économique mondiale dans le contexte de la propagation de la pandémie du coronavirus, les revenus des pays exportateurs de pétrole risquent de reculer «de 50% à 85%», avertissent l’OPEP et l’AIE. Un pays comme l’Algérie pourrait ainsi se retrouver dans une situation financière délicate.
Sputnik

La dégringolade des prix du pétrole sur fond de la pandémie du coronavirus aura, si elle venait à durer dans le temps, un impact négatif sur les économies des pays en voie de développement, très vulnérables à la volatilité des marchés pétrolier et gazier, affirment dans un communiqué commun Mohammad Sanusi Barkindo, secrétaire général de l’OPEP, et Fatih Birol, directeur de l’AIE, publié sur le site officiel de cette dernière. En effet, l’Algérie et d’autres pays risquent de voir leur situation financière se corser.

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La note précise que lors d’un entretien téléphonique, les deux responsables «ont examiné l'impact sur les pays en voie de développement qui sont particulièrement vulnérables à la volatilité du marché».

Dans ce sens, «si les conditions actuelles de marché persistent, leurs revenus issus du pétrole et du gaz chuteront de 50% à 85% en 2020, atteignant leur plus bas niveau en plus de 20 ans, tel qu’énoncé dans une récente analyse de l’AIE», ajoute le document qui met en garde: «ceci est susceptible d'avoir des conséquences sociales et économiques majeures, notamment pour les dépenses du secteur public dans des domaines vitaux tels que la santé et l'éducation».

Le cas algérien

Le Brent, référence pour le pétrole algérien, a clôturé mardi 16 mars à 29,91 dollars le baril. Et la loi de finance 2020 ayant été établie sur la base de 60 dollars le baril, l’Algérie est bien partie pour perdre près de 50% de ses revenus en devises, s’il n’y a pas un rebond du prix dans le futur. Or, depuis la chute du prix du pétrole en 2014, les réserves de change du pays sont déjà passées de 179 milliards de dollars fin 2014, à 62 milliards en décembre 2019, d’après les notes de conjoncture de la Banque d’Algérie pour les mêmes périodes.

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Les volumes d’exportation des hydrocarbures, seule source de devises du pays, présentent également un recul inquiétant. En effet, en plein débat sur le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures, Mohamed Arkab a déclaré le 29 octobre devant la Commission des affaires économiques à l’Assemblée populaire nationale (APN) que «60% des réserves initiales d’hydrocarbures du pays étaient épuisées», informe l’Algérie Presse Service (APS).

Par ailleurs, lors d’une séance de questions-réponses relatives au projet de loi de finances 2020, l’ex-ministre des Finances Mohamed Loukal avait indiqué le 7 novembre devant les députés que le déficit du budget de l’État était de 1.533 milliards de dinars (11,7 milliards d’euros, soit 7% du PIB), alors que celui du Trésor s’élevait à 2.435 milliards de dinars (18,4 milliards d’euros, soit 11,4% du PIB), annonçant l’éventualité d’un recours à la planche à billets et à l’endettement extérieur. Le taux de chômage en Algérie, qui dépasse déjà les 11%, risque ainsi de connaître une hausse importante, avancent certains experts algériens.

Que faire?

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Sputnik a posé la question à l’ancien ministre algérien du Trésor Ali Benouari (1991-1992), expert international en finances et président du parti non agréé Nida El Watan (l’Appel de la Patrie). Pour lui, le Président de la République devrait prendre des mesures d’urgence concernant trois volets.

Ainsi, contrairement à la décision annoncée par le Président Tebboune de ne pas recourir à l’endettement, M.Benouari affirme qu’«il n’y a pas aujourd’hui d’alternative à l’endettement extérieur, tant que celui-ci est à la fois une nécessité sur le double plan financier et économique».

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Par ailleurs, l’ex-ministre du Trésor souligne qu’«il n’y a pas d’alternative à la dévaluation [de la monnaie nationale, ndlr] qui seule est en mesure de rétablir à bref délai nos déficits internes et externes». «La planche à billets n’est qu’une dangereuse fuite en avant qui ne fait qu’aggraver la situation», met-il en garde, emboîtant ainsi le pas au chef de l’État concernant sa décision sur le financement non conventionnel.

Enfin, M.Benouari explique sur le taux de change: qu’il soit fixé par le marché (le cas des pays occidentaux, de la Russie, etc.) ou l’administration (cas de l’Algérie), «il a comme rôle d’ajuster les sorties et les entrées de devises». «C’est pourquoi la valeur du rouble, par exemple, a baissé au lendemain de la décision saoudienne de baisser les prix de son pétrole et d’augmenter sa production», rappelle-t-il, avant de s’interroger: «Comment envisager que notre dinar puisse ne pas en être impacté? Doit-on prendre les russes pour des fous?».

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