Face à la chute drastique des prix du pétrole sur le marché mondial, quasiment seule ressource en devises de l’Algérie, Abdelmadjid Tebboune a tenu une réunion d’urgence consacrée à l'évaluation de la situation économique du pays, indique une note de la Présidence de la République relayée par l’agence officielle Algérie Presse Service (APS). Des mesures ont été annoncées à l’issue de cette réunion dont la plus importante concerne le recours à l’endettement extérieur et au financement non conventionnel (la planche à billets).
Reconnaissant que la situation «reste difficile, mais face à laquelle l'État dispose des moyens nationaux pour y faire face», «le Président de la République a rejeté, à cette occasion, de manière ferme le recours à l'endettement et au financement non conventionnel», affirme le document.
Comment faire face à la crise?
Par ailleurs, M.Tebboune a demandé au ministre de l'Agriculture d’augmenter «la production nationale afin de réduire d'au moins 50% l'importation de produits de consommation humaine et animale».
Dans le même sens, il a été demandé au ministre de l'industrie et des Mines «de mettre immédiatement en place tout le dispositif qui permette une production nationale basée sur une intégration d'au moins 70% de l'industrie légère […] et de relancer la construction mécanique avec un taux d'intégration, au départ, d'au moins 35%».
Le coronavirus est-il responsable?
Le communiqué de la présidence indique que la réunion tenue sous les auspices du chef de l’État a été programmée «au lendemain de la chute drastique du prix du baril de pétrole sur le marché international, sous le double effet du ralentissement de l'économie mondiale, comme conséquence de la propagation du coronavirus et de la décision unilatérale prise par certains pays membres de l'OPEP de vendre leur production de brut avec des rabais particulièrement agressifs».
Or, selon une note publiée lundi 2 mars par l’OCDE en raison du coronavirus, la croissance mondiale en 2020 pourrait être revue à la baisse et passer de 2.9% à 2,4%, soit un recul de 0,5%. Celle de la Chine, locomotive de l’économie mondiale, devrait s’établir à 4,9%, soit un recul de 0,8%, entraînant dans son sillage toutes les grandes économies du monde, informe l’OCDE.
Une situation fragile bien avant le coronavirus?
Selon l’IIF, les États-Unis et la Chine sont à eux seuls responsables d’environ 60% de l’augmentation de la dette mondiale. Ainsi, la dette globale des USA devrait dépasser en 2020 les 63.000 milliards d’euros, alors que celle de l’Empire du milieu franchirait la barre des 35.000 milliards d’euros, soit 303% du PIB du pays.
Enfin, d’après un bilan officiel, la Chine, principal pays consommateur d’hydrocarbures dans le monde, a enregistré en 2019 sa plus faible croissance de ses 29 dernières années. En effet, celle-ci s’est établie à 6%, en recul de 0,6% par rapport à 2018, et encore plus par rapport aux progressions enregistrées depuis les années 2000, de 8 à 10 % par an, avec un pic à 14% en 2007. Elle devrait pour des raisons structurelles passer en-dessous des 6% en 2020, estime la même source.