Le mouvement de contestation populaire du 22 février en Algérie, le Hirak, souffle sa première bougie ce samedi. Né suite à l’annonce de l’ex-Président déchu Abdelaziz Bouteflika de briguer un cinquième mandat, le Hirak a été qualifié par l’actuel chef de l’État Abdelmadjid Tebboune «de phénomène salutaire» qui «a épargné au pays une catastrophe».
Aux origines du Hirak
Pour Brahim Zitouni, expert et analyste politique, les raisons du Hirak relèvent essentiellement de deux catégories.
«La seconde relève du moyen terme», elle est «due à la massification de l’éducation qui a profondément bouleversé les rapports entre administration et administrés, l’urbanisation très rapide qui a vu son taux passer de 30% à l’indépendance en 1962 pour atteindre 75% aujourd’hui». «L’ensemble des changements a vu l’irruption d’une jeunesse éduquée à l’horizon bloqué par l’incapacité d’une économie rentière à répondre au spectre de ses besoins politiques et économiques multiformes».
Ce qu’a créé le Hirak en Algérie
Ainsi, le Président Tebboune, élu le 12 décembre 2019, est décidé à «rompre par une série de mesures d’ordre juridique, fiscale et administrative avec le système du régime unique de la rente pétrolière», a indiqué Brahim Zitouni. Cependant, selon lui, le chef de l’État a besoin d’un soutien populaire pour aller vers «la transition énergétique et démocratique [et] vers un système de production diversifiée», en plus du rôle des élites dans ce domaine. «Or cette dimension de mobilisation populaire encadrée par une intelligence politique de premier niveau fait cruellement défaut aujourd’hui», a-t-il précisé.
Quelle évolution à venir?
Pour l’expert, les forces de la rente qui cherchent par tous les moyens à conserver leurs privilèges sont actuellement «faibles car leur horizon est limité dans le temps par l’horloge de l’exploitation des énergies fossiles». «Aussi, elles cherchent des alliances au niveau international afin de pérenniser un rapport de force interne qu’elles savent pertinemment en leur défaveur en raison des immenses besoins sociaux auxquels elles sont dans l’incapacité structurelle de répondre», a-t-il dit.
Bien qu’il soit très difficile de passer d’un système à un autre «dans un contexte de pressions internationales», selon M.Zitouni, «il existe un facteur d’initiative stratégique qui a constitué une surprise de taille, contrairement aux autres protestations populaires de par le monde». «Ce fut le pacifisme impeccable du mouvement social auquel a répondu de façon tout aussi exceptionnel la maturité de nos forces armées». «On comprend dès lors mieux pourquoi la direction de l’armée algérienne est prise pour cible par les forces de la négation», a-t-il conclu.