Les dernières percées de la science dans la lutte contre le cancer

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, l’OMS fait un constat alarmant dans un communiqué publié ce 4 février: la maladie poursuit sa progression dans le monde et si la tendance actuelle reste inchangée, il y aura une augmentation de 60% des cas de cancer au cours des deux prochaines décennies.
Sputnik

Les traces les plus anciennes de cancer chez l’homme se retrouvent dans des fragments de squelettes humains datant de la préhistoire, sur des momies découvertes dans des pyramides égyptiennes ou des tablettes cunéiformes de Mésopotamie. À l’heure actuelle, selon le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), «le fardeau du cancer» a atteint 18,1 millions de nouveaux cas en 2018, tandis que la mortalité par cancer a constitué 9,6 millions.

Toutefois, de meilleures mesures de prévention et de dépistage seraient capables de ralentir son envolée et de sauver de nombreuses vies. Voici un aperçu des dernières découvertes et réalisations dans le domaine de la lutte contre ce mal qui fait des ravages.

Une maladie «transmissible»?

Un récent article de la revue Science laisse supposer que les maladies considérées comme non transmissibles, telles que le cancer ou le diabète, pourraient en fait se transmettre entre humains. Les scientifiques précisent toutefois que ces maladies sont contagieuses au sens large, transmises non pas comme la grippe, mais via le microbiome, cet ensemble de minuscules organismes de notre corps.

Ils ont démontré qu’un microbiome altéré d’une personne malade transféré à un animal entraîne la maladie. Et ils ont prouvé que le microbiome est naturellement transmissible. Ainsi, celui d’époux qui partagent une maison se ressemble davantage que celui de jumeaux qui vivent séparément.

Quoi de neuf côté traitement?

Un nouveau centre de radiologie médicale ouvert en Russie a accueilli le 20 septembre dernier ses huit premiers patients atteints de cancer pour leur faire suivre un traitement par protons. Il s’agit d’un traitement «fondamentalement nouveau», déclare une responsable du laboratoire de physique médicale du centre.

«La principale particularité de l'équipement est la capacité d'arrêter le faisceau dans la tumeur sans toucher les tissus et les organes situés derrière celle-ci, grâce au calcul précis de la distance», précise-t-elle.

Le centre, le plus grand d’Europe parmi les établissements du genre, est doté d’un cyclotron, un accélérateur de particules, conçu en Belgique et modernisé en Russie.

L’intelligence artificielle réussit à détecter le cancer du sein avec plus de précision que les experts humains, affirme le groupe américain dans un article publié le 1er janvier. L’algorithme s’est entraîné à repérer les signes d’un cancer sur 76.000 mammographies au Royaume-Uni et 15.000 autres aux États-Unis.

Tir de précision: une guerre des protons contre les cancers complexes déclenchée dans un centre russe
Par ailleurs, il s’est avéré que la consommation quotidienne de yaourt naturel réduisait le risque de cancer du sein, le plus fréquent et le plus meurtrier chez la femme. Des chercheurs de l’Université de Lancaster, en Angleterre, recommandent aux femmes, dans une étude relayée par MedicalXpress, de consommer du yaourt naturel tous les jours. Ils ont démontré que sa consommation allait de pair avec la baisse du risque de cancer du sein, ce qui pourrait être lié au fait que les micro-organismes nuisibles sont remplacés par des bactéries bénéfiques.

Une étude de chercheurs américains publiée dans le magazine Nature Cancer se penche sur les propriétés anticancéreuses des médicaments de tous les jours. Des scientifiques ont découvert que plusieurs dizaines de médicaments qui ne sont pas destinés initialement à traiter le cancer étaient capables de tuer les cellules cancéreuses. Ainsi, il s’est avéré que des traitements prescrits pour lutter contre le diabète, les inflammations et même l’alcoolisme étaient capables également de détruire des cellules à tumeur maligne dans des conditions de laboratoire.

En outre, les premiers résultats d’une étude britannique parue dans la revue scientifique The Lancet oncology sur le traitement du cancer de la prostate démontrent que les effets à court terme d’une radiothérapie plus intense, mais sur une courte période, sont similaires à ceux d’une radiothérapie standard. Ce qui constitue des résultats très encourageants pour le traitement de ce type de cancer.

Quels symptômes?

Les chercheurs se concentrent également sur la détection des premiers signes du cancer dont le traitement est d’autant plus efficace que le dépistage est précoce.

Pour ce qui est du cancer de la prostate, le symptôme principal est le besoin pressant ou soudain d'uriner (mictions fréquentes), surtout la nuit, la difficulté à commencer à uriner et un effort pendant la miction, ainsi que l’incapacité à vider complètement sa vessie. Le deuxième signe est le changement de la couleur de l’urine avec présence de sang, indiquent des scientifiques allemands cités par Focus. Le troisième symptôme est une éjaculation douloureuse qui peut témoigner d’un processus d’inflammation.

Des chercheurs canadiens ont établi pour leur part que consommer une nourriture riche en graisses saturées était susceptible d’accélérer la croissance des tumeurs malignes de la prostate. De ce fait, le risque de décès est multiplié par quatre, soulignent-ils dans une étude publiée par Nature Communications.

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Cependant, des scientifiques japonais de l'Université du Tohoku ont découvert que la consommation régulière de champignons réduisait le risque de développer un cancer de la prostate, selon l’International Journal of Cancer.

Des taches alarmantes sur la peau, mais aussi une fatigue constante, la perte de poids et une baisse de l'appétit ont été nommés par un oncologue russe comme faisant partie des premiers symptômes qui pourraient signaler le développement du cancer de la peau.

Non content de figurer parmi les plus agressifs et mortels, le cancer du pancréas se révèle en plus très difficile à diagnostiquer. Ainsi, le directeur du Centre oncologique de la clinique Rechts der Isar de Munich a constaté que très souvent, les patients n’avaient pas de symptômes évidents, tandis que les premiers signes de cancer pouvaient être confondus avec des douleurs à l’estomac ou au dos.

Il ajoute dans une interview à Focus qu'un symptôme plus évident de cette maladie mortelle est le jaunissement de la peau et des globes oculaires du fait que le pancréas commence à peser sur le canal biliaire.

Pour ce qui est du cancer colorectal, des scientifiques britanniques citent comme symptômes des douleurs abdominales soudaines, la fatigue et la perte de poids, fait savoir le quotidien britannique The Express.

Une chercheuse allemande indique pour sa part qu’une transpiration élevée peut signaler des problèmes liés au développement d’un cancer, toujours selon le magazine allemand Focus. Elle précise que si une personne, en plus d'avoir une transpiration excessive, a une température élevée et une perte de poids inexplicable en même temps, cela peut être un indicateur de cancer.

Faut-il s’alarmer outre mesure?

Si le dépistage du cancer permet d’entamer assez tôt un traitement et d’accroître les chances de guérison et de survie, certains médecins attirent aussi l’attention sur le problème du surdiagnostic, ce diagnostic d'un cancer qui n'aurait pas compromis la santé ni la vie du patient.

Ainsi, une étude publiée dans le Medical journal of Australia révèle que pour les femmes, 22% des cancers du sein, 58% des cancers rénaux, 73% des cancers de la thyroïde et 54% des mélanomes étaient surdiagnostiqués.

Chez les hommes, il s’agit de 42% des cancers de la prostate, 42% des cancers du rein, 73% des cancers de la thyroïde et 58% des mélanomes.

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Ce résultat équivaudrait à un surdiagnostic représentant environ 18% des diagnostics de cancer chez les femmes, et environ 24% des diagnostics chez les hommes en Australie en 2012. En d’autres termes, cela constitue 11.000 cancers chez les femmes et 18.000 cancers chez les hommes surdiagnostiqués chaque année en Australie.

Les chercheurs notent que le phénomène est marqué notamment par un impact psychosocial, par exemple un risque de suicide accru chez les hommes diagnostiqués d’un cancer de la prostate. Enfin, les traitements tels que la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie, pourraient causer des dommages physiques.

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