La justice italienne blanchit les pétroliers Eni et Saipem de tout soupçon de corruption en Algérie

La Cour d’appel de Milan a acquitté les pétroliers italiens Eni et Saipem dans le procès qui les visait pour des accusations de corruption en Algérie. Cité dans ces affaires, l’ex-ministre algérien de l’Énergie fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour suprême d’Algérie qui ne s’est pas encore prononcée le concernant.
Sputnik

Dans les deux affaires de corruption qui impliquaient l’ex-ministre de l’Énergie et des Mines algérien Chakib Khelil (1999-2010) et les groupes pétroliers italiens Eni et Saipem, ces deux derniers ont été blanchis par la Cour d’appel de Milan, rapporte l’agence Reuters. Chakib Khelil est actuellement visé par un mandat d’arrêt international émis par la Cour suprême algérienne dans le cadre du réexamen de ces deux affaires dites Sonatrach I et II.

Crise libyenne: Alger et Rome accordent leurs violons à deux jours du sommet de Berlin
Au terme d’un procès qui a duré sept ans, le tribunal de Milan a également «acquitté une série d’autres accusés dans les mêmes affaires, dont l’ancien PDG d’Eni, Paolo Scaroni, et l’ancien P-DG de Saipem, Pietro Tali», précise le media.

«C'est une décision historique. [...] Nous n’avons pas cessé de réitérer l'innocence totale de Saipem depuis sept ans. Saipem n'aura désormais plus à supporter de frais pour couvrir une éventuelle condamnation», a déclaré l'avocat de Saipem, Enrico Giarda, cité par Reuters.

Les affaires Sonatrach I et II

Révélées en 2010 en Italie, ces affaires de corruption qui impliquaient la Société nationale des hydrocarbures algérienne (Sonatrach), Eni et sa filiale Saipem continuent de défrayer la chronique. Elles portent sur le versement présumé de 197 millions d'euros de pots-de-vin entre 2007 et 2010 à des responsables publics algériens.

Le ministre libyen de l’Intérieur met en garde contre «la chute d’Alger et de Tunis»
Lors du jugement de l’affaire en septembre 2018, le procureur du tribunal de Milan a fait savoir que les sommes versées aurait permis à Saipem d'obtenir des contrats pour huit milliards d'euros, et à Eni d'obtenir l'autorisation de l'ancien ministre algérien de l'Énergie Chakib Khelil pour acquérir les droits d'exploitation du gisement de gaz de Menzel via le rachat de la société First Calgary Petroleums.

À l’issue du procès, Eni et son ex-patron Paolo Scaroni ont été acquittés. Quant à Saipem, elle a été condamnée à une amende de 400.000 euros et à la confiscation — en lien avec les autres condamnés — de 197 millions d'euros, soit le total des pots-de-vin versés. Pietro Tali, président à l'époque des faits, a écopé de quatre ans et neuf mois de prison ferme, tout comme Pietro Varone, ex-directeur de Saipem-Algérie.

Le cas Chakib Khelil

En août 2019, la Cour suprême algérienne a émis un mandat d’arrêt international à l’encontre de l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khelil dans le cadre du réexamen des affaires dites Sonatrach I et II, rappelle la presse locale.

L’Algérie a consommé plus de la moitié de ses réserves d’hydrocarbures
L’ex-ministre d’Abdelaziz Bouteflika a été cité en avril 2019 dans deux enquêtes menées par la Cour suprême sur «une infraction à la réglementation des changes et des transferts de capitaux vers et depuis l’étranger» et la «signature par Sonatrach de deux contrats en infraction de la loi avec des partenaires étrangers».

Le quotidien Liberté a révélé que l’ex ministre avait fui l’Algérie pour les États-Unis vers le 15 février

2019. Le mis en cause aurait ensuite quitté les USA et se serait réfugié dans un pays arabe pour échapper à la demande d’extradition de la justice algérienne.

La décision de la justice italienne met ainsi la Cour suprême algérienne devant un dilemme concernant le cas Chakib Khelil.

Discuter