Vers la criminalisation du discours raciste et régionaliste en Algérie

Sur instruction du Président de la République, le gouvernement algérien va incessamment proposer au parlement un texte de loi criminalisant toute forme de racisme, de régionalisme et de discours de haine dans le pays, indique un communiqué de la présidence.
Sputnik

Face à la montée des discours raciste, régionaliste, séparatiste et haineux dans l’espace public algérien, notamment sur les réseaux sociaux, Abdelmadjid Tebboune a instruit le gouvernement d’élaborer un projet de loi criminalisant toute forme de discours de haine dans le pays, informe un communiqué de la présidence de la République relayé par l’Algérie Presse Service (APS).

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«Cette mesure intervient après avoir constaté une recrudescence du discours de la haine et de l'incitation à la discorde, notamment à travers les réseaux sociaux», indique la note. Cette mesure vise à «faire face à ceux qui exploitent la liberté et le caractère pacifique du Hirak [mouvement populaire du 22 février, ndlr] pour brandir des slogans portant atteinte à la cohésion nationale», souligne-t-il.

«Tout un chacun est appelé à se conformer à la Constitution et aux lois de la République, notamment le respect des constantes de la Nation et ses valeurs, les principales composantes de l'identité et de l'unité nationales ainsi que les symboles de l'État et du peuple», conclut le communiqué.

Quelques exemples

La députée et présidente du Parti de l'équité et de la proclamation (PEP), Naïma Salhi, a tenu plusieurs fois ces dernières semaines des propos racistes à l’égard des populations de Kabylie.

En juin 2019, trois plaignants, dont deux avocats, ont déposé une plainte contre la présidente du PEP restée jusqu’à aujourd’hui sans suite.

«Dans un moment où des détenus politiques croupissent en prison pour avoir exprimé une opinion, des promoteurs du racisme et de la haine, qui sont des délits passibles de poursuites judiciaires, jouissent de l’impunité totale», s’exaspèrent les avocats dans une déclaration au journal francophone El Watan.

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L’Algérie est également visée par un mouvement séparatiste kabyle qui a élu la France comme terre d’accueil. En effet, en juin 2010 à Paris, Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) a annoncé la création du Gouvernement provisoire kabyle (GPK), l’Anavad, en exil.

M.Mehenni avait alors appelé dans une courte vidéo publiée de Londres le 4 juin 2018 les Kabyles à constituer des forces de sécurité destinées à se substituer aux forces algériennes.

«Donc pour que cette indépendance devienne réalité, j'appelle la Kabylie, j'appelle le peuple kabyle à accepter de bonne grâce et en toute conscience la mise sur pied d'un corps de contrainte, d'une organisation de sécurité de la Kabylie», déclare-t-il. Cette étape est nécessaire, selon M.Mehenni, qui ajoute qu'à défaut «nos enfants continueront d'aller à l'école de l'aliénation [l'école algérienne, ndlr] et de se faire tabasser dans la rue par la police coloniale [la police algérienne, ndlr] à chaque fois qu'ils descendent pour protester pour n'importe quoi». «Donc il faut que l'autorité coloniale [l'autorité algérienne, ndlr] soit remplacée par l'autorité kabyle», lance-t-il dans la vidéo.

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Le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) avait ensuite condamné les propos du chef du MAK dans un communiqué rendu public le 4 juin 2018.

«Le bureau exécutif du RPK réuni en date du 04/06/2018 considère les propos tenus par M.Ferhat Mehenni, au cours d'une conférence à Londres, d'une extrême gravité pour les faire passer, cette fois-ci, sous silence», écrit Hamou Boumedine, coordinateur du RPK.

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